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Festival de la BD : Fabien Nury raconte son Angoulême à lui

A Angoulême, le scénariste Fabien Nury a déjà sa propre exposition, à seulement 38 ans. Plus qu’une rétrospective, c’est une incitation à voir et à comprendre le travail de scénariste de bande dessinée. Dans les cartels, Nury explique, conseille, renseigne. Pour nous, il raconte aussi son Angoulême.
Article rédigé par franceinfo - Lorenzo Ciavarini Azzi
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Le scénariste Fabien Nury au Festival international de bande dessinée d'Angoulême 2015
 (Renaud Joubert / PHOTOPQR/CHARENTE LIBRE )

Son Angoulême à lui, pour Fabien Nury, c’est avant tout une exposition qui est consacrée à son travail de scénariste. C’est là, parmi les dessins et les cartels explicatifs, au milieu d’un nombre conséquent de jeunes (et moins jeunes) curieux, habitués ou néophytes, que nous le rencontrons.

Ce qui frappe, ici, c’est d’observer l’attention du public (et notamment des jeunes) dans une exposition peu scénographique, où l’écrit prédomine… C’est sans doute l’efficacité des textes que vous avez rédigés, à l’image de l’efficacité de vos scénarios.
J’apprécie que vous parliez d’efficacité, c’est un mot important pour moi. Ҫa veut dire peu de moyens pour beaucoup d’effet. Appliqué à l’écriture, c’est peu de mots pour dire beaucoup de choses. Et en BD : peu de cases, pour beaucoup d’émotion. Et on essaie beaucoup de travailler dans ce sens-là : le nombre de pages limité, un espace limité et, de fait, la contrainte est plutôt fertile. Ne pas pouvoir s’étendre, s’étaler, c’est un bien. Quant aux textes que nous avons rédigés pour l’exposition, c’est une question de rythme et de rapport texte-image qui permet une facilité de lecture malgré la grande densité.

  (LCA/Culturebox)
Ce que vous dites peut évidemment s’appliquer aussi à vos propres scénarios de BD…
Et à nombre de domaines, comme l’enseignement par exemple. Mes meilleurs professeurs tenaient leur auditoire par le rythme de ce qu’ils disaient, pas par ce qu’ils disaient. Si on arrive à ralentir et à accélérer au bon moment, on tient les gens. Je l’ai appris notamment en faisant de la pub radio.

Quelle est la « patte » Fabien Nury ?
Une certaine noirceur, de l’efficacité, de l’intensité et la présence de héros problématiques ou d’anti-héros. Parce que le but est qu’on ne se sente pas du tout rassurés sur ce qui va arriver aux personnages.
  (LCA/Culturebox)
Cette exposition d’Angoulême montre également l’importance du réel dans vos fictions.
J’ai besoin d’une grosse dose de réalité pour construire mon histoire. Je ne suis pas très bon en « fiction fantastique » pure. Et j’ai l’impression que la réalité, et la réalité historique si l’on veut, agit comme un carburant pour moi, notamment pour pouvoir y croire. Ce qui, de fait, me pousse beaucoup vers l’histoire récente. Pour les périodes plus lointaines, c’est dur d’obtenir un certain niveau de réalisme, se figurer le quotidien et également y représenter les personnages.
Ici, la liste des livres, albums, films préférés de Fabien Nury.
 (LCA/Culturebox)
Etes-vous interpellé par les visiteurs dans l’expo ?
Il y a d’abord les professionnels : journalistes, éditeurs, auteurs, ça me fait plaisir qu’ils viennent me dire qu’ils ont aimé ou trouvé intéressante l’expo. Le public non professionnel s’exprime plus rarement mais souvent les gens s’adressent à moi pour parler « d’Il était une fois en France ». Mais ce qui m’a le plus comblé, c’est de voir quelqu’un qui a photographié la liste de mes lectures préférées, mes films, mes albums. C’est une liste que j’aurais aimé découvrir à vingt ans des auteurs que j’aimais. Ca donnera des envies de lectures, des découvertes. Ca, c’est vraiment génial !
  (LCA/Culturebox)
Comment vous sentez-vous dans le Festival d’Angoulême et notamment lors de cette édition si particulière ?
C’est un Angoulême effectivement très particulier et à plusieurs titres mais, ayant été occupé notamment par l’exposition, je n’ai pas encore pu tout observer. Disons que je suis content pour Katsuhiro Otomo (qui a obtenu le Grand Prix, NDR) et heureux pour l’existence d’un Grand Prix spécial attribué aux dessinateurs de Charlie Hebdo, c’est super.  Je préfère d’ailleurs ça au fait initialement imaginé de donner le Grand Prix habituel à Charlie. Et j’ai adoré apprendre (car je n’étais pas sur place) que lors de l’attribution du prix, le représentant du journal, Jean-Christophe Menu a dit : « Je suis Charlie ce n’est pas un slogan, c’est Charlie qui dit au maire d’Angoulême qu’il est un con ». Ce  maire UMP, c’est bien qu’il se fasse engueuler par Charlie Hebdo pour avoir fait grillager les bancs pour empêcher les SDF de dormir. C’était une méchanceté conne et irréelle et le fait d’être obligé de manger son chapeau en donnant le prix à un organe qui fondamentalement le méprise et l’insulte, ça c’était très Charlie !

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