Enrico Marini publie le troisième épisode des "Aigles de Rome"
Culturebox : Ce troisième volet des "Aigles de Rome" se veut bien différent des deux précédents. En quoi est-il inédit ?
Enrico Marini : Le grand changement, c'est le dépaysement. Nos héros ont passé les frontières de l'Empire et se retrouvent en Germanie, un territoire hostile aux Romains. Fini l'opulence de Rome, ils évoluent dans un milieu sauvage au climat froid. C'est ce qui donne sa tonalité à cet album qui puise beaucoup dans la palette des gris. Marcus et Arminius vont de nouveau s'affronter cinq ans après leur séparation intervenue dans le tome 2. Les deux hommes ont mûri et on peut dire que dans cette aventure, on entre dans le vif du sujet. Marcus doit espionner pour le compte de l'Empereur, Arminius, son ami d'enfance, accusé de préparer une rébellion. L'intrigue est aussi plus complexe que dans les deux premiers albums. On découvre beaucoup de nouveaux personnages.
Culturebox : Pourquoi ce changement de cap ?
E. Marini : J'en avais besoin pour mener à son terme, l'histoire que j'avais en tête depuis sept - huit ans maintenant. Au départ, je pensais me concentrer sur trois volumes, mais aujourd'hui, en rendant mon propos plus complexe et surtout en me documentant toujours plus sur cette époque, j'ai décidé de bâtir la série sur cinq ou six albums. Et puis ce nouveau décor, plus au nord, s'avère plus propice pour aborder des thèmes qui me tenaient à coeur comme cette opposition entre une puissance dominatrice et des individus prêts à se soulever. J'y vois d'ailleurs une similitude avec les agissements des Etats-Unis au Vietnam et plus récemment, en Irak.
Culturebox : Vous avez signé les dessins de "Gipsy", de "L'Etoile du désert", de "Rapaces" et du "Scorpion", la série des "Aigles de Rome" a-t-elle une importance particulière pour vous ?
E. Marini : Oui, car c'est la première fois que je suis scénariste. Ces albums représentent un challenge passionnant, mais je l'avoue : l'expérience est parfois difficile. On n'échappe pas à des moments de blocage et de doute. Et puis, se plonger dans cette époque nécessite de nombreuses recherches comme je voulais au maximum respecter la vérité historique, Arminius étant un personnage qui a existé. J'ai dû me plonger dans la lecture d'ouvrages spécialisés. Je me suis aussi imprégné de romans et de films. "Gladiator" de Ridley Scott, mais aussi la série télévisée "Rome" m'ont particulièrement marqué. Les références à l'Histoire servent de base à mon imagination parce que je m'attache aussi à rendre mes héros plus humains.
Culturebox : Les "Aigles de Rome" remportent un certain succès en librairie. Comment l'expliquez-vous ?
E. Marini : Je pense qu'une partie du public me suit depuis plusieurs projets même si certains lecteurs peuvent être décontenancés par cet univers qui n'a rien à voir avec "le Scorpion" ou "Rapaces." J'ai peut être aussi attiré la curiosité du fait du succès de nombreuses bandes dessinées historiques. On peut citer Murena qui a elle aussi pour décor, l'Empire Romain.
Culturebox : A quand le tome 4 des "Aigles" ?
E. Marini : Sa parution n'est pas prévue avant 2013. Dans l'immédiat, je travaille sur le dixième album du "Scorpion", un titre anniversaire qui doit paraître dans un an. J'attaque d'ailleurs les planches dans les jours qui viennent. J'ai plaisir à retrouver ce roman de cape et d'épée et ses couleurs chaudes. Cela me changera des "Aigles" sur lesquels je me suis beaucoup investi ces derniers mois. En ce moment, j'écris aussi un polar pour une prochaine BD. Mais, pour l'instant, je le fais pour mon propre plaisir.
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