BD: « Le Protocole Pélican »: un casse tête vicieux qui envoûte la libraire
Telle est la situation dans laquelle sont plongés 12 protagonistes. Rien ne les lie. Leurs typologies psychologiques, sociales, professionnelles ou confessionnelles ne trouvent aucune résonance entre elles. Enfermés la majorité du temps dans des geôles de métal, vêtus du même uniforme orange, les prisonniers ont la possibilité de communiquer entre eux durant de brèves promenades dans les couloirs fermés. Théories du complot, quarantaine, désespoir, rage, désir d'évasion. Chacun trouve des hypothèses qui lui sont propres, tandis que chaque réaction est consignée par les caméras de surveillance.
Sans trop connaître la finalité de cette mission, les scientifiques, aussi appelés « confidents », composent des statistiques à partir des analyses de chaque «unité». Les geôliers, ou "compagnons", s'interrogent tout autant. Coupés du monde comme les autres, ils savent qu'ils sont là pour six mois et qu'il leur sera interdit de parler de l'expérience à quiconque lorsqu'ils rentreront chez eux.
Ces trois groupes de personnages - unités, compagnons et confidents – forment les résidents de cette prison bien particulière, où va s'appliquer le Protocole Pélican. Seul un personnage semble réellement connaître les tenants et aboutissants de cette mise en scène. Et son intelligence, visiblement supérieure, confine parfois à la folie.
Dessins hyper réalistes, scénario à tiroirs, huis-clos d'une rare efficacité, « Le Protocole Pélican » est un polar d'anticipation en forme de casse-tête vicieux et envoutant. Lorsqu'on pense avancer dans l'énigme, de nouveaux points d'interrogation surgissent. Tenu en haleine, suspendu au récit, le lecteur devient lui-même prisonnier de cet univers tortueux. Le cerveau humain est le terrain de jeu des auteurs et ils prennent un malin plaisir à titiller notre matière grise ! La série compte 2 volumes pour l'instant et sera complète en 4.
« Le Protocole Pélican », de Marazano et Ponzio, Ed. Dargaud, 13,99€.
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