BD : "Carnets de thèse", la recherche en littérature peut être drôle
C’est un livre sur l’écriture d’une thèse mais ceux qui ont déjà eu à rendre une dissertation se reconnaîtront. Se reconnaîtront aussi les trentenaires qui ne rentrent pas dans des schémas établis, les phobiques administratifs ou ceux qui ont déjà eu des boulots d’appoint.
60 % des étudiants en littérature arrêtent en cours de route
Le sujet de "Carnets de thèse", c’est moins la thèse que Tiphaine Rivière a passé trois ans à écrire que son contexte : lassée d’enseigner au collège, elle se lance dans une thèse non financée. Parmi d’autres, la secrétaire de l’université, femme imposante aux allures de chats paresseux et comme incorporée à son bureau à force d’y rester assise, la met en garde : 60% des étudiants en littérature arrêtent en cours de route, ils en ressortent vieillis et célibataires.
Ce qui pourrait être un sujet sombre ou élitiste est traité avec un humour joyeux, parfois un brin cynique.
Le personnage principal, Jeanne Mangin travaille sur la parabole de la loi dans "Le Procès" de Kafka. Quand elle raconte l’histoire de cet homme bloqué par un gardien face aux portes de la loi, son père conclut pragmatique : "Ce type qui attend et qui ne fait rien, on a un peu du mal à s’identifier je trouve".
Le thésard, ce cocker en manque d'affection
Face à l’administration de l’Université, la situation de Jeanne Mangin est presque aussi absurde que celle du héros du Procès. Tiphaine Rivière s’en moque avec des métaphores un peu plus légères que celle des portes de la loi. Son directeur de thèse, qu’elle idolâtre, la traite comme un cocker en manque d’affection.
Comme la lucide secrétaire d’université l’avait prédit, Tiphaine Rivière a arrêté sa thèse au bout de trois ans. Elle a ouvert un blog, le bureau 14 de la Sorbonne, où elle décrit en image ses mésaventures. La vie de Jeanne Mangin a beau être satirique, exagérée, on s'y retrouve souvent.
"Carnets de thèse" de Tiphaine Rivière,
Seuil, 180 p., 19,90 euros (en librairie le 19 mars 2015).
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