Avec "Bang !", Marie la libraire joue à la roulette russe

Huit gueules cassées ont passé un pacte, il y a de ça vingt cinq ans. A cette époque, ils bossaient côte à côte, frères et soeurs d'armes. On ne sait pas quelles ignominies les ont liés mais ça a dû être sale. A la vie à la mort. A la mort à l'amour. Tout ça se mélange quand on y réfléchit bien.

Ce pacte signe le jour où ils vont tous mourir. Pas n'importe quand : lorsque le premier d'entre eux mourra, ce sera le coup de feu de départ. Pas n'importe comment : il va falloir qu'ils s'entretuent. La dignité du soldat qui refuse de laisser au hasard le choix de son ultime soupir. Pas de hasard. Pas moyen de laisser la faucheuse décider. Pas moyen de faire de vieux os. Le Colonel Ivanov a lancé les dés. Il vient de se suicider, signifiant ainsi à nos huit protagonistes que le jeu vient de commencer. Un jeu qui n'a pas de règle, si ce n'est qu'il ne doit plus rester personne sur pieds à la fin. Un baroud d'honneur pour chacun d'entre eux.

"Bang !" porte diaboliquement bien son nom. L'histoire écrite par Deveney et Godart claque, explose à la tête du lecteur. C'est vif, enlevé, terrible. On a l'impression de jouer à la roulette russe avec ces huit salopards qui ont été plus que bien servis le jour de la remise de "cojones". Ils représentent chacun à leur façon une réaction possible face à l'inévitable. Le dessin de Godart est taillé sur mesure façon grand luxe. Le scalpel au bout du crayon.
A savoir que "Bang !" est un one shot, comprenez "histoire complète en un volume". MAIS. Les auteurs viennent de nous gratifier d'un nouvel opus. On va en apprendre un peu plus sur le passé de Katinka, la punkette cramée et totalement psycho qu'on a adorée dans l'histoire initiale. En espérant que chaque personnage fera bien l'objet d'une telle attention. Parce que. C'est bon.

"Bang !" de Deveney et Godart (Editions Akileos) 14,25 €