Avignon : Fanny Bouyagui dans le sillage des migrants
C'est sans doute parce que son père a fait le voyage du Sénégal vers la France il y a 50 ans que Fanny Bouyagui a entrepris de partir sur les traces de ces milliers de jeunes migrants. A Agadez, point de départ des migrations africaines, Fanny rencontre des hommes et des femmes venus du Togo, du Nigéria, du Burkina Faso, du Sénégal. Elle y compile articles de journaux, interviews et photos.
Pour ces migrants le voyage se poursuit en camion à travers le désert vers la Libye, puis en bateau vers les côtes italiennes
Après Agadez Fanny, poursuit ses investigations en Italie du sud, à Castel Volturno, pour tenter d'y retrouver les migrants rencontrés au Niger un an plus tôt. Dans cette petite ville balnéaire, elle découvre une zone de non droit, "une cité poubelle". Chaque matin, des milliers de clandestins en transit "durable" partent en bus à la recherche d'un petit boulot (du ménage au sexe en passant par les champs de tomates).
De grosses balles de papier compressées symbolisent Castel Volturno, "une véritable ville poubelle" pour Fanny Bouyagui :
Le travail plastique de Fanny transforme l'exposition en traversée. "L'objet premier de cette exposition", explique Fanny Bouyagui était de mettre en regard les expériences de ces hommes avec celle de mon père arrivé en France il y a un demi-siècle. Mon père, lui, était le bienvenu, accueilli à bras ouvert. Il a très vite trouvé du travail, s'est marié à une Française. Les choses sont bien différentes aujourd'hui".
Témoigner du déracinement
"Je dirais que 85% des personnes que j'ai rencontrées veulent retourner en Afrique, mais ne le peuvent plus... L'envoi d'argent aux familles devient une véritable spirale de laquelle ils ne peuvent que difficilement s'échapper. Les 50 euros qu'ils leur envoient chaque mois sont attendus et deviennent indispensables.
'Il s'agit sans doute d'un travail militant, mais j'ai toujours été attentive à ne pas tomber dans le pathos ou le misérabilisme... et j'espère qu'en sortant de l'exposition, les spectateurs se demanderont tout simplement : Qu'est-ce qu'on peut faire ?" conclut dans un sourire Fanny Bouyagui.
Soyez les Bienvenus
Gymnase Paul Giéra jusqu'au 28 juillet de 14h à 19h
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