Wikipédia et Google dans le noir
Plusieurs dizaines de sites ont imité les deux géants d'internet, à l'image de Reporters sans frontières qui a fermé, pendant 24 heures, la version anglaise de son site, disant "protester au nom de la liberté d'expression en ligne".
A l'origine de la colère, deux projets de loi présentés au Congrès américain, destinés, selon leurs auteurs, à combattre le piratage en ligne.
Le "Stop Online Piracy Act" ou "SOPA" a été déposé à la Chambre des représentants, tandis que son pendant, le "Protect IP Act", rebaptisé "PIPA" est à l'étude au Sénat.
Si "SOPA" et "PIPA" bénéficient du soutien d'Hollywood, de l'industrie musicale ou encore de la Chambre de commerce américaine, Wikipédia, Google, Twitter et Yahoo! jugent en revanche que les textes confèreraient le pouvoir aux autorités américaines de faire fermer à leur guise des sites accusés de piratage.
En décembre, les fondateurs d'eBay, Google, Twitter, Yahoo! et Wikipédia avaient, dans une lettre ouverte, jugé que les propositions de loi "donneraient au gouvernement américain le pouvoir de censurer l'internet en utilisant des procédures similaires à celles employées par la Chine, la Malaisie ou l'Iran".
En signe de protestation, la page d'accueil de la version anglaise de Google masquait mercredi son célèbre logo multicolore par un rectangle noir.
Et mercredi matin, sur la chaîne américaine NBC, Marissa Mayer, responsable du développement chez Google, a fait part de son "inquiétude quant au piratage. Pour s'attaquer à des sites étrangers voyous, il existe des moyens plus efficaces, plus ciblés que ceux qui consistent à réclamer une large censure".
Jimmy Wales, fondateur de Wikipédia, a préféré prendre l'affaire sous l'angle humoristique.
"Avertissement aux étudiants! Faites vos devoirs en avance. Wikipédia proteste mercredi contre une mauvaise loi", a-t-il écrit sur Twitter.
Wikipédia, qui a fêté le 15 janvier son 11e anniversaire, assure être la plus importante encyclopédie au monde avec plus de 20 millions d'articles en 282 langues.
NY Tech Meetup, un groupement des professionnels d'internet qui compte 20.000 membres a, de son côté, appelé à manifester mercredi à Manhattan devant les bureaux des sénateurs de New York.
Ce week-end, la Maison Blanche s'est désolidarisée des projets de loi examinés par le Congrès
"Nous considérons que le piratage sur internet est un grave problème qui nécessite une réponse législative sérieuse, mais nous ne soutiendrons pas une législation qui réduit la liberté d'expression, augmente les risques pour la sécurité cybernétique et sape le dynamisme et le caractère innovant de l'internet mondial", a indiqué la présidence américaine dans un communiqué.
"Toute tentative de combattre le piratage sur internet doit être exempte du risque de censure d'activités parfaitement légales et ne doit pas entraver l'innovation générée par les entreprises américaines, qu'elles soient grandes ou petites", a encore souligné la Maison Blanche.
Le patron du géant des médias News Corp, Rupert Murdoch, est, lui, d'un avis contraire, dénonçant sur son compte Twitter les pressions de la "blogosphère", "terrorisant" selon lui "de nombreux sénateurs et représentants qui s'étaient au départ engagés" à soutenir la législation controversée et pourraient du coup faire machine arrière.
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