Vols au British Museum : on vous résume le scandale qui secoue le musée londonien après la disparition d'environ 2 000 œuvres d'art dans les réserves
Des vols embarrassants. "Environ 2 000" œuvres d'art ont été subtilisées au British Museum, à Londres, selon une estimation du président de l'institution dévoilée samedi 26 août. Face au scandale, le directeur du musée, Hartwig Fischer, a démissionné. Le British Museum abrite l'une des collections les plus importantes au monde, avec huit millions de pièces, dont environ 80 000 exposées au public. L'institution présidée par George Osborne, ancien ministre des Finances de David Cameron, s'enorgueillit de faire découvrir à ses quelque six millions de visiteurs annuels "deux millions d'années d'histoire et de culture humaine".
Franceinfo revient sur les rebondissements d'une affaire qui a débuté en 2021 et qui s'avère particulièrement gênante pour l'une des institutions culturelles les plus prestigieuses du monde.
Des bijoux et des pierres semi-précieuses volés
Que les visiteurs se rassurent, la célèbre pierre de Rosette est toujours là. La majorité des objets qui "ont disparu, ont été volés ou endommagés", sont des "petites pièces" conservées dans les réserves, qui n'ont pas été exposées au public récemment et servent "surtout à des fins de recherche", explique le musée. "Cela comprend des bijoux en or, des pierres semi-précieuses ou de la verrerie datant du XVe siècle avant J.C. au XIXe siècle après J.C.", avait précisé l'établissement, mi-août, annonçant avoir renvoyé un employé, saisi la police et lancé une enquête indépendante afin de faire la lumière sur ces vols et en tirer les leçons.
Le musée avait assuré qu'il déployait tous les efforts possibles pour retrouver les pièces volées. Certaines ont déjà été retrouvées mais, au total, environ 2 000 œuvres ont été volées, a évalué George Osborne, lors d'une interview pour la BBC. "Nous pensons que nous avons été victimes de vols depuis un long moment et franchement, il était possible de faire plus pour les empêcher", a reconnu celui qui a été nommé en juin 2021.
Des pièces retrouvées sur eBay
Le musée a été informé dès 2021 de possibles vols par plusieurs marchands d'arts. Ittai Gradel, un marchand de pierres précieuses installé au Danemark avait alerté l'institution londonienne qu'au moins trois pierres de sa collection avaient été mises en vente sur le site d'enchères eBay, rapporte la BBC, qui a consulté la correspondance. A l'époque, le directeur adjoint du musée, Jonathan Williams, a répondu n'avoir constaté "aucune trace de malversation". Au total, le collectionneur aurait pu acheter près de 70 articles sur eBay, détaille The Guardian.
L'affaire prend d'autres proportions en 2022, lorsque Hartwig Fischer, directeur du musée, commande finalement un audit complet, et découvre "un problème plus important". La police est alors alertée et une procédure disciplinaire est lancée. Pourquoi cette absence de communication sur les vols dans le plus célèbre musée du Royaume-Uni ? Une requête de la police métropolitaine de Londres, qui voulait mener son enquête en toute tranquillité, selon le musée.
Un employé renvoyé
Le British Museum a annoncé le 16 août avoir renvoyé un employé après s'être rendu compte que des pièces de sa collection manquaient. "Les administrateurs du British Museum ont été extrêmement préoccupés d'apprendre, plus tôt cette année, que des objets de la collection avaient été volés", a déclaré dans un communiqué George Osborne, président du musée. "Nous avons saisi la police, imposé des mesures d'urgence pour renforcer la sécurité, mis en place une enquête indépendante sur ce qui s'est passé et sur les leçons à en tirer, et nous avons utilisé tous les pouvoirs disciplinaires dont nous disposons concernant la personne que nous tenons pour responsable", avait alors assuré l'institution.
L'employé renvoyé, Peter Higgs, est un conservateur reconnu dans les milieux de l'art, récemment promu pour superviser des sculptures grecques, malgré des soupçons, selon les informations du Guardian. Un poste d'autant plus sensible que les marbres du Parthénon font l'objet d'un profond conflit avec Athènes, qui en réclame la restitution.
Le directeur démissionne
Près de quinze jours après le licenciement de cet employé, la page est loin d'être tournée. La polémique a continué d'enfler dans les médias britanniques, au point de conduire le directeur du prestigieux établissement, fondé en 1753, à démissionner vendredi. En poste depuis 2016, Hartwig Fischer a admis avoir échoué à répondre aux avertissements concernant les vols depuis 2021. "La responsabilité de cet échec incombe en dernier ressort au directeur", a-t-il admis. George Osborne a cependant assuré qu'Hartwig Fischer avait "agi honorablement" et que "personne n'a jamais douté de son intégrité, de son dévouement à son travail ou de son amour pour le musée", a rapporté The Guardian.
Le directeur adjoint du British Museum, Jonathan Williams, a également accepté de se mettre en retrait de ses fonctions jusqu'à ce que l'enquête soit terminée, selon le quotidien britannique.
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