Vladimir Poutine recadre les artistes russes
"Il y a toujours une limite très fragile entre ce que j'appelle un comportement dangereusement révoltant et la liberté d'expression", a déclaré le président Poutine, lors d'une réunion du Conseil consultatif pour l'art et la culture. Il a cité l'exemple de Charlie Hebdo, pour ses caricatures du prophète Mahomet, et qui avait été la cible le 7 janvier 2015 d'un attentat à Paris au cours duquel 12 personnes, parmi lesquelles huit membres de la rédaction, avaient été assassinées par deux frères jihadistes.
"La question est si ces caricaturistes avaient besoin d'infliger une insulte aux représentants de l'islam ? (...) Les dessinateurs ne voulaient peut-être insulter personne, mais ils l'ont fait", a souligné le président russe.
Il a ainsi réagi à une déclaration de l'acteur populaire Evgueni Mironov qui a dénoncé devant le dirigeant russe des pressions croissantes selon lui sur la liberté d'expression artistique en Russie de la part des militants conservateurs et des autorités. "Tout dépend de notre sens du tact, celui des fonctionnaires et celui des artistes", a estimé M. Poutine.
Fin octobre, le réalisateur russe Andreï Zviaguintsev, auteur du film "Léviathan" nommé aux Oscars 2015 et prix du scénario à Cannes en 2014, avait déjà dénoncé la censure qui "prend pied" selon lui dans la culture russe.
En 2013, la Russie a adopté une loi instituant le délit d'"offense envers les sentiments religieux des croyants", dans le sillage de l'affaire du groupe punk Pussy Riot dont trois membres avaient été arrêtées en 2012 pour avoir chanté dans la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou une "prière punk" demandant à la Vierge Marie de "chasser" Vladimir Poutine.
Depuis, plusieurs spectacles, parmi lesquels une représentation de l'opéra rock Jésus Christ Superstar en octobre, ont dû être annulés après un appel en ce sens de militants estimant que leurs sentiments religieux avaient été offensés.
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