Une Nuit blanche et plutôt verte à Paris à l'approche de la COP 21
Pour la première fois, la mairie de Paris avait décidé cette année de placer la manifestation culturelle sous le signe d'une thématique, celle du changement climatique. "Quelques semaines avant d'accueillir la COP 21, nous souhaitions avec Anne Hidalgo des propositions artistiques qui raisonnent avec la thématique environnementale. L'art et la création contemporaine servent aussi à cela, à interpeller les esprits", a commenté au cours d'une visite de presse vendredi l'adjoint à la Culture Bruno Julliard (PS).
L'événement a permis aux promeneurs, comme chaque année depuis 2002, de sillonner la capitale en découvrant des installations, sculptures, performances, pour la plupart visibles dans l'espace public. Vingt-trois propositions ont rythmé le parcours du "in" et 105 celui du "off".
Des artistes qui jouent à fond la carte climatique
Comme en 2014, la mairie de Paris et le directeur artistique de la manifestation José-Manuel Gonçalvès avaient choisi d'emmener les visiteurs dans des territoires en devenir de la capitale. Un premier parcours les a mené du Parc Monceau (VIIIe) à la Porte de Clignancourt (XVIIIe), en passant par les voies ferroviaires désaffectées de la Petite Ceinture; un second de la Gare du Nord à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), via la toute nouvelle passerelle qui enjambe le périphérique en face du centre commercial Le Millénaire.Migration des espèces, montée des eaux, fonte des glaces: les artistes retenus ont joué à fond la carte climatique, en proposant des œuvres volontiers immersives et spectaculaires. Emblématique du thème choisi: l'installation "Maison Fond", de l'Argentin Leandro Erlich, que la maire de Paris inaugurera à Gare du Nord en début de soirée. Figurant dans un immeuble parisien s'affaissant sous l'effet du réchauffement climatique, cette oeuvre de 6,90 mètres de haut financée dans le cadre du budget participatif 2014 de la Ville restera de manière pérenne sur le parvis de la gare.
Volontairement éphémère au contraire, l'installation "Ice Monument", du chinois Zhenchen Liu, a donné à voir 270 blocs de glace colorés d'un mètre de haut se liquéfiant tout au long de la nuit pour former un immense tableau abstrait sur le parvis de l'Hôtel de Ville.
Des déclinaisons en banlieue parisienne
Pour le parc Monceau, le français Erik Samakh avait imaginé une installation sonore qui a plongé les visiteurs dans l'ambiance d'une nuit d'été méridionale. Chants du crapaud sonneur, du grillon, de la chouette, de l'engoulevent ont alors pu recouvrir peu à peu le bruit du trafic. "Le climat a changé, les animaux du sud de la France migrent et changent le paysage sonore", a-t-il décrit.Plus au nord, dans un parc Clichy-Batignolles-Martin Luther-King envahi par le brouillard et une lumière bleue intense, l'installation "technologico-poétique" du Néerlandais Daan Roosegaarde a donné au visiteur le sentiment de marcher sous le niveau de la mer -symbole d'une éventuelle montée des eaux aux Pays-Bas.
L'atmosphère était tout aussi onirique sur la Petite Ceinture, exceptionnellement ouverte sur ce tronçon au public. Après avoir tremblé d'effroi devant la performance imaginée par Stéphane Rocordel (un homme, inlassablement, saute dans le vide et rebondit sur un nuage situé à dix mètres au-dessus du sol), les visiteurs ont pu admirer les grandes "peintures pariétales abstraites" de Michel Blazy, à la fois minérales et organiques.
Comme chaque année Nuit blanche connaîtra comme chaque année des déclinaisons en banlieue parisienne, en province et dans le monde. Le budget que lui alloue la mairie de Paris s'élève à 1,2 million d'euros, auxquels s'ajoutent 400.000 euros pris sur le budget participatif.
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