Tunisie: un mandat d'arrêt contre le patron de la chaîne des Guignols
Sami Fehrik a indiqué samedi être sur le point d’être placé en détention et a accusé le pouvoir de chercher à faire taire une chaîne critique. « Je vais en prison dignement », a-t-il déclaré à l’antenne de la radio Express FM, au lendemain de la décision d’un tribunal de Tunis ordonnant son placement en détention. "Tout cela m'arrive à cause de quatre Guignols", a-t-il ajouté.
Selon l'agence de presse officielle TAP, il est accusé de "d'usage illicite des ressources de l'Etablissement de la télévision tunisienne" à l'époque du régime du président déchu Zine el-Abidine Ben Ali.
Sami Fehri a fondé sa chaîne de télévision en 2011, après la révolution qui a renversé le président Zine el-Abidine Ben Ali. Avant ces événements, il était associé au sein d'une boîte de production, Cactus, à la famille de l'épouse du chef de l'Etat déchu, les Trabelsi.
Des pressions pour arrêter les "Guignols"
Cette société a été placée sous le contrôle de l'Etat tunisien après la révolution, mais elle fournit l'essentiel du contenu de la chaîne Ettounissiya, dont les Guignols. L’émission satirique de marionnettes avait été lancée dans sa version hebdomadaire en mars avant de devenir quotidienne il y a moins d’un mois. Elle parlait de façon satirique de la vie politique tunisienne, visant particulièrement les dirigeants du pays et du parti islamiste Ennahda. Elle a été brusquement arrêtée la semaine dernière.
Dans la semaine, Sami Fehri avait déclaré à l'AFP avoir décidé d'arrêter la diffusion des Guignols à la suite de pressions des autorités. Il n'avait alors pas souhaité être cité afin de protéger sa chaîne, mais le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) avait relayé l'information. Samedi, Sami Fehri a précisé à Express FM avoir subi les pressions de Lotfi Zitoune, un influent conseiller du chef du gouvernement, Hamadi Jebali, issu du parti islamiste au pouvoir, Ennahda. Il avait déjà dénoncé fin juillet des pratiques d'intimidation de la part du pouvoir tunisien après une descente des services douaniers dans les locaux de sa chaîne.
Les médias accusent le nouveau pouvoir tunisien
Le SNJT et plusieurs médias accusent le pouvoir de chercher à contrôler les médias publics. Plusieurs nominations de nouveaux directeurs de journaux, radios et télévision, ont fait scandale ces dernières semaines.
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