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Takis, un artiste magnétique au Palais de Tokyo
Il affole les boussoles, fait jouer de la musique par des aiguilles et flotter des cônes métalliques à quelques centimètres d'une toile : le Palais de Tokyo consacre une spectaculaire rétrospective à Takis, 90 ans, le grand magnétiseur. L'exposition "Champs magnétiques" est à découvrir du 18 février au 17 mai 2015.
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"Le travail de Takis est essentiellement fondé sur la façon dont l'aimant peut permettre la réalisation d'une oeuvre qui est mise en lévitation", explique Alfred Pacquement, commissaire de l'exposition. "J'ai voulu donner à travers une cinquantaine d'oeuvres une vision très contemporaine de cet artiste, éviter de faire un parcours chronologique trop systématique, mais montrer ses différentes facettes par une suite de grandes installations" , ajoute Alfred Pacquement.
Reportage : V. Ponsy; E. Hunzinger; S. Sonder
Quatrième dimensionDès le début des années 60, Takis est fasciné par les forces invisibles des champs magnétiques, qu'il assimile à la quatrième dimension. "Tout le monde la cherchait à l'époque", raconte-t-il. L'artiste grec conçoit alors les murs magnétiques : des éléments métalliques - cônes, plaques découpées - flottent à quelques centimètres d'aimants installés derrière la toile. Une oeuvre plus récente permet d'expérimenter très concrètement l'énergie magnétique: invité à longer un mur en tenant une boussole, le visiteur voit l'aiguille s'affoler. Quant à la 4e dimension, Takis en donne aujourd'hui une autre définition: "S'il y a une éclipse de soleil, la 4e dimension, c'est le sentiment qu'on a devant soi un événement aussi extraordinaire."
Musique des sphères
C'est à travers le son que Takis va poursuivre au milieu des années 60 sa recherche de l'invisible. Ses groupes de "Musicales" associent magnétisme et vibrations sonores : mues par des électro-aimants, toujours dissimulés, de grosses aiguilles viennent frapper aléatoirement des cordes de piano, produisant une étrange "musique des sphères". Sur le même principe, Takis imagine des gongs de grande taille frappés par un marteau couplé à un aimant. Expérience
Takis revendique non sans humour d'avoir été le premier à envoyer un homme dans l'espace, six mois avant le vol de Gagarine en avril 61. Lors d'une expérience baptisée "L'impossible" à la galerie Iris Clert à Paris, il met un de ses amis en lévitation quelques secondes par la seule force d'un aimant fixé au plafond. La même semaine, un autre artiste de la galerie, Yves Klein, réalisera la célèbre photo-manifeste "Le Saut dans le vide".
Kafka
L'oeuvre de Takis joue aussi dans les années 60 avec l'électricité dans sa forme la plus archaïque. En couplant des aimants avec de grosses lampes à vapeur de mercure, il produit une étrange lumière bleutée. Baptisées "Télélumières", ces lampes ont une dimension anthropomorphe et rappellent de lointaines déesses antiques, des gorgones ou des méduses.
L'artiste va aller plus avant dans cet univers technologique sombre et troublant avec "Le siècle de Kafka", une installation commandée par le Centre Pompidou en 1984: appareils électriques au rebut, "télélumières", fragments de corps humain que vient effleurer un long ruban magnétique oscillant. Le laboratoire de Frankenstein n'est pas loin. Mais Takis ne rejette par la technologie: "On en a besoin, on l'utilise pour exprimer des idées", dit-il en se qualifiant d'"optimiste de caractère". Avec cette exposition, le Palais de Tokyo cherche une fois encore à explorer les frontières entre l'art et la science. Jean de Loisy, Président du Palais de Tokyo, nous explique pourquoi et surtout comment.
"Champs magnétiques" de Takis au Palais de Tokyo
du 18 février au 17 mai 2015
Tous le jours sauf le mardi
Entrée 8 à 10 euros
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