Vouée à disparaître, la cathédrale du graff continuera à vivre sur internet
Depuis 2006 et jusqu'au début des travaux, le bâtiment des douanes de Pantin a été le point de ralliement des artistes de rue. Mais les lieux sont désormais clos, les pelleteuses s'activant face à l'imposant monument en béton ceint de coursives. Seule la structure sera préservée, le reste devant être totalement réhabilité pour abriter d'ici deux à trois ans l'essentiel des salariés de la première agence de pub française, qui emploie à l'heure actuelle 700 salariés.
Au total, 5.200 photos des lieux ont été prises, puis intégrées dans un modèle 3D développé par Google, qui propose déjà le même genre de visite dans des musées et des monuments.
Résultat, le site graffitigeneral.com permet de se déplacer comme dans un jeu vidéo dans les étages de cet entrepôt construit en 1929 au bord du canal de l'Ourcq. Des zooms sont possibles sur certaines oeuvres, dont les auteurs ont été retrouvés et les travaux documentés.
Parmi les oeuvres distinguées, des insectes à la bombe noire d'Itvan Kebadian ou encore la tête de M. Chat, de Thomas Vuille. En plus du site internet, l'agence compte sauver de la destruction quelques portes, fenêtre et pans de murs tagués, qui pourraient plus tard être exposés.
En s'installant dans cette ville du nord-est parisien, une commune populaire en plein développement, la filiale de Havas avait le choix entre "arriver comme une bande de bobos et chasser les habitants ou faire quelque chose de plus équilibré", a souligné son président et fondateur Rémi Babinet.
De plus en plus de grandes entreprises, alléchées par le foncier bon marché, s'installent en effet en Seine-Saint-Denis. BNP Paribas, Hermès et Chanel ont choisi Pantin, et un quartier doit se développer autour du siège de BETC, avec des commerces et la construction, juste à côté, de 650 logements, dont un tiers de logements sociaux.
Ces opérations, qui peuvent faire monter les prix de l'immobilier dans des quartiers populaires, ne font pas que des heureux. Dans l'un des étages du bâtiment des douanes, un graffeur a d'ailleurs laissé sur le sol un message à la peinture rouge aux futurs arrivants : "developers go home" ("promoteurs, du balai").
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