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Et si vous visitiez Paris avec le "Guide du Street Art" ?

Fresques colorées ou dessins furtifs en noir et blanc, une multitude de graffs sont à découvrir dans les rues de la capitale. Si certains sont éphémères, d’autres restent et passent à la postérité. Avec son "Guide du Street Art à Paris", Stéphanie Lombard propose une découverte de ces oeuvres, au travers de huit itinéraires différents.
Article rédigé par franceinfo
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Les artistes sont de plus en plus nombreux à inverstir les murs délabrés des villes. Grâce au guide de Stéphanie Lombard, les visiteurs ont la possibilité de découvrir les oeuvres majeures de la capitale.
 (France 3 / Culturebox)

Une vingtaine d’années après son arrivée dans la capitale, le street art a aujourd’hui complètement investi notre vie quotidienne. Croquis volés au détour d’une ruelle ou œuvres monumentales sur un pan de mur entier, les graffs se succèdent, se complètent et parfois se superposent. A l’origine contestataire et aujourd’hui encore illégal, le graff est partout. 

Reportage : France 3 Paris Île-de-France - B. Lopez / O. Badin / C. Ngoc

A un point tel qu’il est désormais possible de suivre un parcours défini afin de découvrir ces œuvres de rue éphémères. Stéphanie Lombard est blogueuse. Passionnée de street art, elle rend hommage à ces artistes souvent méconnus dans son "Guide du Street Art à Paris", paru en mars dernier aux éditions Alternatives.

Son guide propose huit itinéraires, sept intra-muros et un à Vitry, au cours desquels on peut rencontrer des œuvres phares, comme celles de Jérôme Mesnager. Désireuse de lever le voile sur cette forme d’expression de plus en plus présente, elle propose également des biographies éclairantes sur les artistes qu’elle met en lumière : "Il (Jérôme Mesnager) fait partie des précurseurs comme d’autres artistes, Jef Aérosol, Miss.Tic et bien d’autres. Jérôme Mesnager a quand même une patte graphique qui est très forte, parce que même si les gens ne savent pas qu’il s’appelle Jérôme Mesnager, quand on voit ses hommes blancs, on sait forcément que c’est lui."
La fresque de Jérôme Mesnager à Ménilmontant "C'est nous les gars d'Ménilmontant".
 (France 3 / Culturebox)
Certains artistes comme Thom Thom ont rencontré le street art alors qu’il jouait avec les codes de la publicité, pour mieux la détourner. L’artiste, amusé, repense à ses premières œuvres : "A l’origine on a parasité la publicité qui elle-même change deux fois par mois ou même chaque semaine. Donc l’idée c’était vraiment d’imiter notre ennemi de jeu pour mieux le contrer."
Femme-au-chapeu-(Charlotte), de l'artiste Thom Thom qui joue avec les codes de la publicité pour en détourner le sens.
 (Thom Thom)
Bien que reconnu comme un art à part entière, le street art oscille encore entre illégalité et autorisations délivrées au compte-gouttes. Par essence, le graffiti conteste, s'oppose à certains aspects de la société. Il existe car il est dissident et prend sens parce qu’il est interdit, mais aussi parce qu’il embellit la grisaille quotidienne. "Ça peut être une réaction aussi, par rapport à l’univers bétonné, à la tristesse de certains murs, de certaines architectures. Donc la contestation peut se jouer là-dessus, mais d’une manière plus subtile, plastique", explique le street artist Mister Pee, .

Des graffs sur commande des mairies

De plus en plus d’initiatives de mairies ou d'administrations tendent à mettre à l’honneur des artistes de rue. A l’image de la Tour du 13ème à Paris. En attendant que cet immeuble soit démoli, il a été confié à des street artists de tous pays. Victime de son succès, l’exposition avait même repoussé de trois mois la destruction de la tour.

Dans le même temps, de nombreuses communes font directement appel à des artistes de rue pour recouvrir des façades ou embellir des bâtiments détériorés, comme l’explique Stéphanie Lombard : "Il y a effectivement le côté légal avec des accords, que ce soit avec la mairie, une galerie… Et puis il y a effectivement des spots où les artistes savent qu’ils peuvent venir s’exprimer en toute liberté, même si la 'liberté', est relative.
Des artistes repensent les murs gris en couleurs, en graffant de grandes fresques.
 (France 3 / Culturebox)
Là où le bât blesse, c’est lorsque des administrations tolèrent certains graffitis, alors qu’elles en sanctionnent d’autres, pourtant reconnus comme œuvres d’art par la communauté street art. Thoma Vuille, alias M. Chat, peint depuis maintenant plus de 20 des chats jaune orangé aux sourires carnassiers. Icônes du graff, ses chats sont renommés dans le monde entier. Pourtant en 2014, c’est à trois mois de prison ferme qu’a été condamné le graffeur, pour dégradation de bien public.
Il suffit de lever les yeux pour découvrir ces oeuvres d'art qui envahissent les murs et pallient la grissaille ambiante de la ville.
 (France 3 / Culturebox)
Le dilemme est complexe. Interdire le graff, c’est renier une partie de la culture urbaine, en pleine expansion. A l’inverse, l’autoriser, voire l’encourager peut être perçu comme une forme de dénaturation de l’origine de cet art, par essence secret et subversif. En attendant que se redessinent les frontières du street art, le "Guide" de Stéphanie Lombard propose une visite dans ce musée à ciel ouvert que sont les murs de Paris.

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