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Des "veilleurs" se relayent dans le ciel de Rennes

Tels des super-héros protecteurs des populations urbaines, des "veilleurs" nichent dans le ciel de Rennes depuis quelques semaines, dans le cadre d'un projet artistique qui intrigue la ville à l'aube et au crépuscule.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Un "veilleur de Rennes" surplombe la ville dans le cadre du festival "Les Tombées de la Nuit", en décembre 2012. L'opération d'une durée d'un an verra 729 "veilleurs" se relayer au sommet d'un immeuble de 32 mètres.
 (DAMIEN MEYER / AFP)
Coupé du monde, hors du temps
Suspendus derrière une vitre à 32 mètres au dessus des rumeurs de la ville, les "veilleurs de Rennes", qui doivent se relayer pendant un an sur le toit d'un immeuble de sept étages, observent leurs contemporains chaque jour pendant une heure au lever et au coucher du soleil.
"C'est très émouvant. J'ai eu trois fois les larmes aux yeux en entendant des cris", témoigne Damien Philippe, un grand garçon de 29 ans, au sortir de sa veille à l'aplomb de la place Charles-de-Gaulle, vaste esplanade piétonne au coeur de la cité bretonne. Le veilleur est installé dans un abri chauffé, encadré par un curieux échaffaudage en bois. Depuis le sol, certains passants surpris remarquent l'installation, illuminée lorsqu'elle est occupée.
Coupé du monde, hors du temps (il a dû laisser sa montre avant d'entrer dans la cabine) mais surveillant aussi l'intimité des passants, le veilleur vit une expérience étrange au bord du vide.
"J'ai la tête qui tourne un peu mais pas vraiment le vertige", confie Damien, fonctionnaire municipal qui a eu tout le loisir d'admirer l'arrivée d'un jour brumeux sur la cité bretonne en pénétrant à 8h42 précises, heure du lever du soleil en cette journée d'automne, dans l'abri de veille.
"On cherche à capter le regard des passants tout en restant invisible. Un doux mélange de supériorité et de faiblesse", a-t-il écrit sur le livre d'or que chaque veilleur remplit une fois sa mission accomplie. Damien, 51e veilleur de la liste, s'y dit "heureux" d'avoir "accompagné des gens dans leur quotidien".
729 veilleurs
L'opération, entamée le 30 septembre dans le cadre du festival "Les Tombées de la Nuit", n'a eu aucun mal à débaucher les 729 veilleurs appelés à se succéder pendant un an à la suite du maire de la ville, Daniel Delaveau, qui a pris le premier tour de garde.
"Il faut que ce projet rayonne, irrigue Rennes métropole", explique le directeur des Tombées de la Nuit, Claude Guinard, qui a cherché à recruter dans toutes les couches de la population. Un vieux monsieur, le "doyen" des veilleurs, veillera ainsi le 1er janvier, avant de regagner sa maison de retraite en cette journée où le soleil se couche tôt. Deux prisonniers permissionables sont également sur la liste. Du côté des stars, Romain Danzé, le capitaine de l'équipe de foot locale, a signé pour une veille.
A l'origine du projet, la chorégraphe et danseuse belgo-australienne Joanne Leighton, qui dirige le Centre chorégraphique national (CCN) de Franche-Comté à Belfort, ville où des veilleurs sont également restés perchés pendant un an au-dessus du lion. Une expérience similaire est en cours à Laval.
Objectif: "la répétition des mêmes mouvements, par un individu unique et solitaire, présent dans une démarche personnelle et intime, appartenant à une chaîne humaine, créant du collectif et faisant vivre une communauté".
Mais les organisateurs se demandent toutefois si on peut "maintenir cette chaîne humaine durant un an, évitant les pannes de réveil, les oublis, les retards, les accidents du quotidien, les conditions climatiques extrêmes".
L'opération, qui a nécessité l'installation par une grue d'une dalle en béton sur le toit de l'immeuble, revient à près de 100.000 euros, démontage compris, selon Claude Guinard.

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