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Carte blanche aux graffeurs dans l'ancienne prison de Nantes

Dessins de détenus entassés et hurlant de douleur, graffitis évoquant le chaos : dans les murs de l'ancienne maison d'arrêt de Nantes, vouée à la démolition avant sa reconversion, l'exposition "Entrez libre" offre une plongée "bouleversante" et "angoissante" dans l'univers carcéral.
Article rédigé par franceinfo
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Les artistes ont hérité de grandes surfaces !
 (Réalisation : David Bartex / Photo : Adeline Moreau / Clack)
Katjastroph a habillé la façade de la prison. 
 (Réalisation : Katjastroph / Photo : Adeline Moreau / Clack)
D'habitude, c'est un lieu qui ne se visite pas. Que l'on évite. Dix artistes invités par l'association PIck Up Production dans le cadre du festival "Le Voyage à Nantes", s'y sont pourtant engouffrés sans hésiter. Vous les avez sans-doute vu passer avec leurs échelles, leurs bombes de peinture et leurs pochoirs. Leur objectif ? Redonner vie à l'ancienne maison d'arrêt de Nantes, datant de 1869 et vide depuis 2012. Surtout, ils apportent une réflexion sur le thème de l'enfermement carcéral. Depuis le 1er juillet, et jusqu'au 27 août, les visiteurs de la bâtisse peuvent admirer le travail d'artistes venant de tous horizons : des graffeurs, des plasticiens, des peintres et plus encore. 

Reportage France 3 Pays de la Loire D. Leroy / J. Lalier / M. Magdeleine / C. Mijeon

David Bartex, un local proche des prisons

Pour ces artistes, pas question de faire du voyeurisme. Ils n'ont eu accès qu'au bâtiment principal et quelques annexes, mais pas aux ailes anciennement réservées aux détenues. Sans aucune restriction, ils ont pu repeindre les sols, les plafonds et même les murs extérieurs, selon leurs envies. Avec leurs productions, ils tentent de ramener l'âme des anciens occupants. Pour certains, la découverte de ce lieu permet aussi de confronter son imaginaire à la réalité. Pour David Bartex, c'est la configuration même des locaux qui l'a étonné.

C'est frappant de monter ces grands escaliers, on s'attend à un grand hall mais non. C'est de suite : porte en fer, petit contrôle sur le côté, petit contrôle sur l'autre côté et c'est tout.

David Bartex, graffeur
  (Adeline Moreau / Clack)

Autodidacte, David Bartex a revisité ses premiers murs à Nantes avant de suivre la compagnie Royal De Luxe en Amérique latine. C'est là qu'il a développé son attirance pour les thématiques du monde carcéral, sous un prisme coloré et métissé.

Ce qui est intéressant, c'est l'évasion, c'est comment gérer son temps en prison, où il faut presque s'ouvrir comme un troisième œil. Ou bien se rappeler tous ses souvenirs, apprendre des choses. C'est l'imagination ou le rêve qui nous fait tenir dans des situations difficiles.

David Bartex, graffeur
  (Adeline Moreau / Clack)

C'est ainsi lui qui a conçu un œil gigantesque aux couleurs criardes, surplombant l'escalier principal de la prison. Exubérant, il a souligné les traits de cet observateur géant par des lignes dorées. Surpris, choqués ou admiratifs, les visiteurs de la prison ne restent pas de marbre face à ces oeuvres dérangeantes. "C'est magnifique, mais ça me met mal à l'aise", avoue ainsi un spectateur lors d'une visite. Parmi ces curieux venus explorer la prison, on trouve même un visiteur un peu spécial : l'ex-défenseur de l'équipe de France de football Marcel Desailly, qui a adoré l'exposition.
https://twitter.com/marceldesailly/status/882728364854915075

Un bâtiment voué à la démolition

Plusieurs activités transversales sont proposées avec cette exposition éphémère. Des conférences sont données sur les thèmes de l'isolation, de la saturation et tous les états d'âme que peuvent ressentir les détenus. De même, cette exposition s'inscrit aussi dans une volonté de découvrir autrement la ville de Nantes. Il est possible de suivre un itinéraire insolite en vélo, en suivant une ligne verte tracée au sol et qui traverse la ville. 

  (JEAN-SEBASTIEN EVRARD / AFP)


La prison, dont la démolition doit commencer à la fin de l'année, sera transformée à l'horizon 2019 en un îlot regroupant, sur 12.600 m2, 160 logements, une crèche et un parking souterrain de 400 places. Du bâtiment d'origine, avoisinant l'ancien palais de justice devenu hôtel de luxe, seuls resteront le porche d'entrée et le pavillon du greffe, futur théâtre.

La liste complète des artistes est à retrouver ici.

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