Bonom, l'artiste français qui envoûte les murs de Bruxelles
D'abord une araignée, puis un poulpe, un renard, une baleine...: depuis 2005, un étrange bestiaire a envahi les pignons et façades d'immeubles aux quatre coins de la ville. "Qui a pu faire ça? Et comment?", s'interrogeaient les Bruxellois, surpris de voir naître ces fresques en une seule nuit dans les lieux les plus improbables.
"L'Arsène Lupin du street art" intriguait la presse comme les élus, partagés entre le devoir de punir ces actes illégaux et le respect pour la qualité artistique de ces graffitis. "En quelques années, Bonom est devenu une légende. Malgré les pandores (gendarmes), la féerie s'est poursuivie et les habitants ont aimé", résume le quotidien La Libre Belgique.Une femme qui se caresse et un vieillard nu et décharné
Le mystère perdure jusqu'en 2010. Et l'interpellation en flagrant délit du jeune Parisien de 24 ans débarqué à Bruxelles cinq années auparavant pour étudier les arts plastiques. Poursuivi pour ""dégradation volontaire d'immeubles", Vincent Glowinski, alias Bonom, bénéficie de la clémence de la justice qui le condamne à des travaux d'intérêt général.
Il ne s'arrête pas pour autant et réalise deux immenses fresques qui font jaser: une femme qui se caresse et un vieillard nu et décharné. Pour cette dernière oeuvre, Bonom joue les funambules en la réalisant en rappel, suspendu dans le vide, ses pots de peinture à la main, alors que la ville dort. "Le risque de la chute? Il fait partie du travail tel que je le conçois. Je me confronte aux peurs physiques".
Bonom, vieillard, Bruxelles © GEORGES GOBET / AFP
"Je ne redoute pas que mes oeuvres disparaissent, je crains qu'elles n'existent pas"
De fait, la plupart de ses oeuvres restent visibles plusieurs années après leur réalisation, à l'image de celle de la femme se caressant le sexe, pourtant située sur l'une des avenues les plus chics du centre-ville. Pour l'artiste, qu'importe que cette mémoire soit finalement effacée par la pluie ou le karcher. "Je ne redoute pas que mes oeuvres disparaissent, je crains qu'elles n'existent pas", explique-il.
Sorti de la clandestinité, l'artiste s'expose à Bruxelles Vincent Glowinski a aujourd'hui tourné la page Bonom. Sa sortie de la clandestinité est officialisée par une exposition de dessins et photos qui attire de nombreux curieux depuis janvier à Bruxelles. Il s'est lancé dans une "autre aventure", celle des performances mélangeant danse, vidéo et peinture.Dans "Human Brush", il utilise son corps comme un pinceau qui dessine ses mouvements sur un écran. Son nouveau spectacle "Méduses" a commencé à tourner en Belgique et en France.
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