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Une sculpture de la Renaissance, peut-être un Michel-Ange, entre au Louvre

Un couple de collectionneurs d’art canadien a donné au Louvre un Christ en croix de la Renaissance italienne. Les généreux donateurs, appuyés par certains experts, pensent qu’il pourrait avoir été sculpté par Michel-Ange mais son attribution fait débat, indique le Louvre
Article rédigé par franceinfo - Valérie Oddos (avec AFP)
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Christ en croix (détail) Artiste florentin autour de 1500, Michel-Ange ? Musée du Louvre, département des Sculptures
 (2013 Musée du Louvre / Harry Bréjat)

La sculpture en bois de 44 cm est "remarquable par la finesse de représentation des détails anatomiques du corps du Christ, particulièrement sensible dans le traitement du torse", a souligné le musée. Il s'agit vraisemblablement d'un crucifix de dévotion privée. Il a été réalisé d'une seule pièce pour la tête, la barbe, le buste et les jambes. Seuls les bras sont assemblés au reste du corps.

L'oeuvre semble avoir conservé une polychromie en partie originale. Le Louvre ne possédait aucune oeuvre comparable et se réjouit de son entrée dans les collections nationales.
 
Après des examens en laboratoire et la consultation de cinq experts, le Louvre a décidé d'accepter que cette sculpture, "oeuvre d'un artiste florentin de grand talent créée autour de 1500", entre dans ses collections, tout en reconnaissant que son attribution "fait débat".

Christ en croix, Artiste florentin autour de 1500, Michel Ange ?
Musée du Louvre, département des sculptures
 (2013 Musée du Louvre / Harry Bréjat)
 
L'attribution reste ouverte
"Tous les experts ont dit qu'il s'agissait d'une oeuvre de très belle qualité. Certains y voient la main de Michel-Ange mais d'autres pas du tout", explique Marc Bormand, conservateur en chef au département des sculptures au musée du Louvre.
 
"Ma conviction est qu'il est impossible de trancher de façon certaine. Michel-Ange est une possibilité mais il y en a d'autres", ajoute Marc Bormand.
 
Après une restauration "légère", le Christ en croix va rejoindre, dans quelques mois, la galerie Michel-Ange du Louvre, où sont exposées les sculptures de cette période. Mais le cartel l’accompagnant proposera une attribution ouverte : "Artiste florentin autour de 1500, Michel-Ange ?"
 
Le Louvre, qui ne possédait aucune oeuvre comparable, "se félicite de son entrée dans les collections nationales et tient à exprimer sa reconnaissance à Peter  Silverman et à son épouse Kathleen Onorato pour leur très grande générosité".
 
Le donateur dit aussi avoir un Léonard de Vinci
Peter Silverman, collectionneur d’art depuis 40 ans, vit entre Paris et New York. Il essaie depuis plusieurs années de convaincre les experts qu’un portrait qu’il possède d’une "Belle princesse" qu'il a acheté à New York en 2007 pour 19.000 dollars a été réalisé par Léonard de Vinci.
 
Il y a un peu plus d’un an, il "a pris contact avec le Louvre pour nous proposer de nous donner ce Christ en croix qu'il avait acheté à un marchand en Allemagne en 1985. A ses yeux, il s'agit d'un Michel-Ange", raconte Marc Bormand.
 
Le Louvre ne pouvant "s'engager à la légère sur une attribution", il a fait analyser et expertiser l'oeuvre. Le Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF) a confirmé que le Christ était sans doute sculpté dans du bois de tilleul. Il a constaté que les techniques utilisées étaient compatibles avec le fait qu'il s'agisse d'une oeuvre réalisée à Florence autour de 1500. Michel-Ange (1475-1564) était alors un jeune homme.
 
Les experts sont partagés
Le musée a ensuite sollicité l'avis de cinq spécialistes (trois Italiens, deux Français) de la sculpture de cette période, qui ont examiné sous toutes les coutures ce Christ en croix.
 
"La grande qualité de la réalisation, la ressemblance étudiée du corps démontrant une connaissance de la musculature humaine et de l'anatomie et des mises en relation avec d'autres oeuvres de l'artiste, font dire à certains qu'il s'agirait d'une oeuvre de jeunesse de Michel-Ange", selon le musée.
 
"D'autres y voient une moindre habileté dans le traitement, par exemple dans le positionnement des jambes ou dans la dépression du plexus solaire, peu compatible avec la vision idéale du corps qu'avait Michel-Ange", ajoute-t-il.

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