Open end : l'art investit le cimetière des Rois à Genève
On l'appelle le cimetière des Rois. Pourtant, aucun monarque n'y est enterré mais il se trouve dans la rue qui porte ce nom et qui fait référence aux rois du tir, les arquebusiers, qui s'entraînaient dans le quartier dès le XVIe siècle. En revanche, de nombreuses personnalités locales et internationales reposent dans ce cimetière que l'on surnomme le "panthéon genevois" : le réformateur Jean Calvin, les écrivains Jorge Luis Borges et Robert Musil, le sculpteur Carl Angst, le psychologue Jean Piaget ou encore Sophie Dostoïevski, la fille de l'illustre romancier russe.
Remettre de la vie dans des lieux dédiés à la mort
C'est dans ce lieu singulier que le sculpteur genevois Vincent Du Bois a eu l'idée d'organiser l'exposition "Open end". "Les cimetières se vident" regrette-t-il. "La société actuelle est encombrée d'autres préoccupations que celle d'aller visiter ses morts. Je voulais remettre de la vie dans ces endroits".
Mais l'aventure n'a pas été facile. L'artiste a du convaincre la municipalité car on n'expose pas dans un cimetière comme dans un musée ou une galerie. Il fallait évidemment que les oeuvres exposées ne troublent pas ce lieu dédié au recueillement et au repos éternel. "On n'allait pas montrer des pièces choquantes, des travaux bruyants", renchérit Vincent Du Bois.
Pour son concepteur, l'exposition vise notamment à nous faire réfléchir "sur notre rapport à la mort et aux rapports que nous entretenons avec nos morts", à l'heure où les cimetières sont désertés, particulièrement en Suisse où 80% de la population opte pour l'incinération.
Secrets éternels
Seize artistes ont répondu à l'invitation, parmi lesquels la Française Sophie Calle. Elle a créé une pierre tombale portant l'inscription "Ici reposent les secrets des promeneurs du cimetière des Rois" et munie d'une fente invitant les visiteurs à glisser leurs secrets. Ces derniers resteront enfouis pour l'éternité, du moins pour un bon moment, puisque la concession a été enregistrée pour vingt ans.
Sur une autre stèle, l'artiste italo-suisse Gianni Motti a inscrit cette épitaphe empruntée à Groucho Marx :"Je vous avais dit que je n'allais pas très bien". Comme quoi, l'humour a aussi sa place dans un cimetière.
Xavier Sprungli, lui, a tenté de redonner vie à Jean Calvin, le fameux réformateur protestant, fondateur du calvinisme et véritable figure de la ville. Une installation sonore à proximité de sa tombe donne à entendre un coeur qui bat et les ronflements d'un dormeur.
Une exposition qui prend tout son sens en cette période de Toussaint où nous honorons la mémoire de nos chers disparus.
Open end
jusqu'au 30 novembre au cimetière de Plainpalais
10 rue des Rois 1204 Genève
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