Cet article date de plus d'onze ans.

Huang Yong Ping refait le monde au Musée d'art contemporain de Lyon

Trois expositions simultanées débutent ce 15 février au Musée d'art contemporain (MAC) de Lyon : "Laps" de Latifa Echakhch, "Supportive, 1966-2011" de Gustav Metzger et "Amoy/Xiamen" de Huang Yong Ping. L'artiste chinois fait l'objet d'une exposition personnelle pour la première fois en France, alors qu'il s'y est installé en 1989. Il était temps !
Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Huang Yong Ping, "Le Marché de Punya", 2007 / Courtesy de l’artiste et Kamel Mennour, Paris
 (Adagp, Paris 2013)

L'univers fantasmagorique de Huang Yong Ping est trop riche, trop insaisissable  pour être parfaitement décrit par des mots ou même des photographies... La visite de l'exposition "Amoy/Xiamen", qui se tient jusqu'au 14 avril 2013 au MAC de Lyon est donc vivement recommandée.

En entrant dans la grande salle du deuxième étage du musée, on est immédiatement saisi par l'odeur douçâtre du papier mâché... Elle provient de l'installation  "Reptiles", l'œuvre qui a fait connaître l'artiste chinois en France. C'était en 1989 au Centre Pompidou et à la grande Halle de la Villette à Paris : Huang Yong Ping passait à la machine à laver des livres sur l'art chinois et sur l'art occidental. Il en est sorti une bouillie informe et relativement sale. Saleté que l'artiste estime "aussi nécessaire que le chaos dans l'ordre du monde".

Une certaine idée des origines de la Terre est donc née de l'imagination incroyablement fertile de cet homme discret qui, lors de l'inauguration de l'exposition, prend néanmoins plaisir à expliquer - en quelques mots - ce qu'il a voulu représenter. Devant l'étonnement d'un visiteur découvrant un animal marin à tête de loup avalant un chapelet de bouddhas, il dira simplement : "J'ai pensé au Léviathan.", ce monstre du chaos primitif présent à la fois dans la mythologie phénicienne et dans la Bible. Yong Ping aime brasser les références culturelles !
Huang Yong Ping lors de l'inauguration de l'exposition au MAC de Lyon le 14/02/2013
 (photo C.Pauilhac/Culturebox)
Huang Yong Ping et ses précieuses statuettes

Mais ce que l'artiste est le plus fier de montrer au public, ce qui a été le "déclencheur" de cette exposition de son propre aveu, ce sont ces quelques 250 statuettes, de 15 à 35 centimètres de haut, qu'il a fait sortir des réserves du futur musée des Confluences de Lyon (ex Musée Guimet). Exposé dans des vitrines ou sous des bâches en plastique, ce panthéon de dieux chinois a été fabriqué dans les années 1880 par des artisans d'Amoy (aujourd'hui appelée Xiamen), la ville natale de Huang Yong Ping.

Ces œuvres de dévotion, "il les a connues quand il était petit", explique Thierry Prat, chef de projet de "Amoy/Xiamen". " Il a voulu les mettre au cœur de l'exposition, car c'était la première fois qu'il pouvait les voir toutes rassemblées"... C'est donc autour de ces statuettes que neuf installations représentatives de la vie et l'œuvre de l'artiste ont été disposées.


Les messages personnels de Latifa Echakhch

"Amoy/Xiamen" est en quelque sorte le "ventre" de la triple exposition organisée par le MAC de Lyon, la matrice artistique au-dessus et en-dessous de laquelle s'accrochent les installations de Gustav Metzger et Latifa Echakhch. Au premier étage du musée, l'artiste née au Maroc et vivant en Suisse (après un long passage par la France) interroge notamment ses racines avec "Laps", une déambulation où une série de "paysages personnels" se succèdent.
Vue d'ensemble des installations "Tambours" et "Ibiza" de Latifa Echakhch (MAC Lyon 2013)
 (photo C.Pauilhac/Culturebox)
Le plus évocateur est le premier tableau : au mur sont fixés des "Tambours", des toiles blanches sur lesquelles l'artiste a laissé couler de l'encre noire, goutte à goutte ; au sol des cartes à jouer ont été déposées à côté de onze pierres. "L'installation a l'air un peu sec avec ces simples stèles, comme dans un cimetière musulman", explique Latifa Echakhch. Ces pierres proviennent d'un campement de soldats marocains enrôlés plus ou moins de force dans les troupes rebelles du général Franco durant la guerre civile espagnole. "Eivissa (Ibiza)" a vocation à "réhabiliter" ces hommes qui ont risqué leur vie pour défendre une cause qui n'était pas la leur.


Gustav Metzger au sommet de son art


Au troisième et dernier étage, plongé dans l'obscurité, "Supportive, 1966-2011" nous entraîne dans l'univers de Gustav Metzger. Sept écrans de 4 mètres par 4 composent un polyptique courbe des plus audacieux... Des cristaux liquides coincés entre deux plaques de verre (comme les échantillons que les scientifiques observent au microscope) sont insérés dans sept projecteurs de diapositives, contrôlés par un boîtier informatique. A l'aide de ce dispositif, les cristaux sont alternativement chauffés et refroidis pendant une durée très précise de 16 minutes et 27 secondes. Temps que vous pourrez mettre à profit pour vous délasser dans les énormes coussins disposés au sol !

Cette installation quasi féérique est l'aboutissement de près d'un demi-siècle de recherche artistique pour celui qui fut l'une des figures de l'"undergroud" londonien dans les années 60 et 70.  Rappelons que l'octogénaire monsieur Metzger réalisait autrefois les projections psychédéliques des concerts des Cream et The Who. Le MAC de Lyon n'est donc pas peu fier d'avoir acquis cette installation hors norme, conçue à Londres spécialement pour le musée !
 

Vue de l’exposition "Supportive, 1966-2011" de Gustav Metzger (MAC Lyon 2013)
 (photo Blaise Adilon)




"Laps" de Latifa Echakhch
"Amoy/Xiamen" de Huang Yong Ping
"Supportive, 1966-2011" de Gustav Metzger


Du 15 février au 14 avril 2013

Musée d'art contemporain de Lyon
Cité Internationale
81 quai Charles de Gaulle - 69006 Lyon
Tél :  04 72 69 17 17

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.