"Fait d'hiver" : Jeff Koons assigné en justice à Paris pour contrefaçon
Auteur des campagnes de Naf-Naf dans les années 1980, Franck Davidovici est celui qui a introduit le petit cochon dans les publicités pour la marque de prêt-à-porter féminin.
La campagne automne-hiver 1985 montrait une jeune femme allongée dans la neige, visiblement victime d'une avalanche. A son chevet, un petit cochon, un tonnelet de Saint-Bernard autour du cou, qui approchait son groin de la brune chevelure de l'infortunée.
L'oeuvre en porcelaine de Koons, datant de 1988, représente une scène très ressemblante. La posture de la jeune femme, ses mèches sur la joue gauche sont les mêmes. En revanche, chez Koons, un haut en résille laissant apparaître les seins de la jeune femme vient remplacer la doudoune à croisillons de la publicité, le porcelet porte des fleurs à son collier et est entouré de deux manchots.
271.000 euros de dommages et intérêts
Le directeur de création, qui a assigné devant le tribunal de grande instance de Paris, demande principalement la confiscation de l'oeuvre, dont il souhaite faire donation à l'Etat français, et des recettes réalisées par Jeff Koons du fait de sa vente et de son exploitation.
Il sollicite également 271.000 euros de dommages et intérêts au total. A le demande du prêteur, l'oeuvre a été retirée de l'exposition au centre Pompidou, a annoncé fin décembre son directeur, Alain Seban. "Une large part de la création moderne et contemporaine repose sur le concept de citation, voire d'appropriation. Il est essentiel que les musées puissent continuer à rendre compte de ces démarches artistiques", soulignait-il dans un communiqué.
Dans une lettre ouverte, l'avocat de M. Davidovici y a apporté une réponse cinglante : "L'appropriation, au sens où vous l'entendez, n'est rien d'autre, juridiquement, qu'un acte de contrefaçon. Elle porte, en cela, atteinte aux droits fondamentaux de l'auteur de l'oeuvre première, de même qu'un vol, par exemple, porte atteinte aux droits fondamentaux du propriétaire du bien volé".
Me Aittouares estime dans ce texte qu'il "ne paraît pas imaginable (...) qu'une institution telle que le Centre Pompidou puisse, par la voix de son Président, cautionner de tels actes".
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