Des figurines chinoises uniques au monde exposées à Lyon
"Cette malle faisait partie de tous les objets qui appartenaient Ă mon arriĂšre-grand-pĂšre" Jules Le Bigot, commandant en chef des forces navales d'ExtrĂȘme-Orient dans les annĂ©es 30 Ă Shanghai, raconte Ă l'AFP M. Macaux. "Elle Ă©tait stockĂ©e entre un sabre et un paravent japonais dans une piĂšce qui servait de dĂ©barras", poursuit-il.
Cent-neuf figurines chinoises en bois de fusain peintes et décorées, mesurant quelques centimÚtres, y sont disposées sur trois plateaux. Sur la malle est inscrit le nom d'un orphelinat situé dans l'implantation catholique de Xujiahui, au sud de Shanghai, qui se trouvait à la limite de la concession française.
"Par curiositĂ©", le journaliste "dĂ©cide d'enquĂȘter pour connaĂźtre l'origine de la collection, prend quelques photos et tape dans Google 'historien et Shanghai'". Un professeur de l'universitĂ© Lyon II, Christian Henriot se porte volontaire pour effectuer des recherches.
"Quand j'ai vu les photos, j'ai été bluffé. Je n'avais jamais vu ce type de sculptures dans aucun ouvrage", en 30 ans de recherches sur Shanghai. "Ce sont des figurines exceptionnelles", souligne M. Henriot.
Ses recherches l'amÚnent à conclure que les figurines évoquent la vie quotidienne en Chine entre la fin du XIXe siÚcle et le début des années 30. Elles représentent principalement les métiers de rue: fendeur de bambou, joueur de flute ambulant, barbier... mais aussi quelques notables.
Elles ont été offertes à l'amiral Le Bigot pour le remercier d'avoir placé, sous protection française, l'implantation catholique au moment du conflit sino-japonais (1937-1945).  Cette décision "était hors du commun car c'était un territoire officiellement sous souveraineté chinoise sur lequel les autorités françaises n'avaient aucun pouvoir", souligne M. Henriot. Elle eut pour conséquence de provoquer à Xujiahui un afflux de réfugiés qui fuyaient les troupes japonaises.
Les figurines ont été réalisées par les pensionnaires de l'orphelinat de l'implantation, ùgés de 13 à 20 ans. DÚs la création de l'orphelinat en 1849, les jésuites voulaient que les pensionnaires apprennent un métier. Ils avaient fondé un atelier d'art dont les oeuvres étaient destinées à orner les églises chinoises. "L'atelier de peinture de l'orphelinat devint le berceau de l'introduction en Chine de la peinture occidentale", explique M. Henriot.
L'historien suppose que les figurines ont Ă©tĂ© de leur cĂŽtĂ© fabriquĂ©es pour ĂȘtre vendues aux touristes occidentaux. "Ces religieux sont des Ă©trangers. C'est une façon de montrer qu'ils s'intĂšgrent et qu'ils ont un intĂ©rĂȘt pour la culture chinoise", suppose-t-il.
Quelques statuettes évoquent ainsi les supplices chinois, "un fantasme occidental", selon lui.  M. Macaux voulait de son cÎté "faire connaßtre ces figurines au public car
enfant, elles avaient suscitĂ©" en lui "l'imagination et le goĂ»t du voyage".Â
Les figurines exposĂ©es au MusĂ©e des arts dĂ©coratifs de Lyon jusqu'au 12 janvier iront peut ĂȘtre ensuite Ă Paris puis Ă l'orphelinat oĂč elles ont Ă©tĂ©Â crĂ©Ă©es et qui est devenu un musĂ©e en 2010.
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