A Francfort, Jeff Koons se pique d'antiquité
Jusqu’au 23 septembre, 89 peintures et sculptures de l’artiste américain sont présentées à la villa Liebieghaus et au Schirn Kunsthalle dans la capitale allemande de la finance, un monde qui l’apprécie particulièrement.
Quatre ans après son exposition au château de Versailles, qui avait provoqué l’intérêt et parfois la contestation, l'artiste s'amuse de nouveau à jouer le contraste et se replonge avec délice dans l'histoire de l'art.
La villa-musée Liebighaus et sa collection permanente de sculptures parcourant 5000 ans d’histoire, de l’Antiquité au néoclassicisme lui offre un cadre idéal pour cela.
Ballon Venus, un symbole de fécondité en acier chromé
Trônant au milieu de sculptures de la Rome antique, « Balloon Venus (Magenta) », une sculpture monumentale en acier chromé en forme de ballon, est une des pièces maîtresse de l’exposition.
"C'est un symbole de la fécondité, elle a des formes féminines mais aussi masculines, donc elle peut procréer par elle-même", a expliqué Jeff Koons lors de la présentation à la presse.
Chantre de l'amour et de l'exubérance, Jeff Koons, 57 ans, célèbre aussi Eros, dieu grec de l'amour et de la puissance créatrice qui forme le fil d'Ariane de sa nouvelle série.
Jeff Koons, dernier artiste de l'Antiquité ?
"D'une certaine façon Jeff Koons est le dernier artiste de l'Antiquité", affirme Vinzenz Brinkmann, le commissaire de l'exposition du Liebieghaus. Il partage avec les Anciens la recherche de la perfection, le goût pour l'artisanat et l'amour des couleurs flamboyantes qui paraient jadis les statues antiques, souligne-t-il. Comme les Anciens également, il réunit le divin avec la sexualité, à contre-pied de la pensée chrétienne, ajoute Vinzenz Brinkmann.
Ainsi sa Vénus est-elle flanquée du tableau "Antiquity 2 (Dots)" qui met en scène une pin-up chevauchant un dauphin, animal enclin à l'amour et passeur entre les mondes selon la mythologie grecque, avec des statues antiques et un satyre en érection peints à l'arrière-plan.
Dialogue avec des sarcophages et autres vestiges mortuaires
Pour s'inviter dans chacune des salles de la villa, Jeff Koons a aussi fait appel à des oeuvres plus anciennes, comme un exemplaire de sa célèbre statue en porcelaine de Michael Jackson et de son singe Bubbles (de la série "Banality", 1988), dont le caractère aujourd'hui mortuaire est encore renforcé par le voisinage des sarcophages et autres bas-reliefs funéraires égyptiens.
Refusant l'appellation de "kitsch", Jeff Koons explique vouloir "montrer ce que cela signifie d'être humain" et déclare "ne pas croire aux préjugés". Mêlant culture populaire et élitiste à la Marcel Duchamp ou à la Andy Warhol, ses oeuvres s'arrachent à prix d'or aux enchères.
Une quarantaine de peintures de ses séries des années 1980 à 2000 ainsi que deux autres nouvelles peintures "Antiquity" sont exposées au Schirn Kunsthalle.
"Jeff Koons, le peintre et le sculpteur", au Schirn Kunsthalle et au Liebieghaus de Francfort, jusqu'au 23 septembre, entrée combinée 14 euros
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