"Sempé, un peu de Paris et d’ailleurs" prolongée jusqu'à fin mars 2012
Quand on fait une exposition de Jean-Jacques Sempé, « le travailleur le plus acharné qu’on connaisse, la difficulté c’est de choisir les dessins », raconte Marc Lecarpentier, commissaire de l’exposition « Sempé, un peu de Paris et d’ailleurs » avec Martine Gossieaux.
Des dessins, le père du Petit Nicolas en a fait des milliers. L’exposition de l'Hôtel de Ville fait d’ailleurs peu de place au personnage le plus connu de Sempé, car une exposition lui avait été entièrement consacrée au même endroit en 2009.
Une "déambulation" dans l'univers de Sempé
C’est la première fois qu’on expose autant de dessins originaux de Sempé : plus de 300, dont de nombreux inédits. Les premiers, il les a faits alors qu’il s’ennuyait chez un courtier en vin à Bordeaux. Pour Marc Lecarpentier, il ne s’agit pas à proprement parler d’une rétrospective. Plutôt d’une « déambulation fluide et complice » dans l’œuvre du dessinateur, auteur de plusieurs milliers de dessins, de plus de quarante albums traduits dans 25 langues.
Petit à petit, Sempé a publié ses dessins d’humour dans divers titres de presse. Il commence par signer DRO (inspiré de l’anglais draw, dessiner), avant d’utiliser son nom. L’Express lui offre une collaboration régulière pour porter un regard décalé sur l’actualité. Il fait les couvertures du Nouvel Observateur, de Télérama.
Né et élevé à Bordeaux, Sempé est devenu Parisien. Inlassablement, il s’est promené à pied ou a vélo sur la rive gauche. Son Paris est intemporel et poétique, le Paris des ponts et des squares : « Je me sens beaucoup plus proche d’un temps où les autobus avaient des plateformes », dit l’artiste. Dans un de ses dessins, deux bus se sont rentrés dedans et leurs passagers, descendus, se font face et s’engueulent. Sempé se régale aussi à dessiner les immeubles haussmanniens.
De Paris à New York
Parisien, Sempé aurait pu aussi bien être New-Yorkais. Il « aurait aimé y vivre mais il ne parlait pas anglais », raconte Marc Lecarpentier. Il y a séjourné, y fréquentant comme à Paris les clubs de jazz. Et il a réalisé de nombreuses couvertures du New Yorker. En couleur, les unes du magazine hebdomadaire ont la particularité d’être sans titre. Seul y figure un dessin d’humour. Les couvertures de Sempé sont exposées avec le dessin original, pas forcément en rapport avec New York. Poétiques, ils évoquent souvent ses univers favoris, la musique, les chats, le vélo…
Une bonne partie de l’exposition est consacrée aux grands ensembles de dessins de Sempé, où il porte un regard tendre et bienveillant, bien que souvent ironique, sur notre société. Tout y passe, la folie des grandes villes, la famille, la psychanalyse, les riches qui s’ennuient à Saint-Tropez, les intellos, la solitude devant un écran ou sous un casque.
« Pour moi, c’est difficile de commenter » l’œuvre de Sempé, dit Marc Lecarpentier. D’une pirouette, il renvoie à la phrase de Sempé inscrite en conclusion de l’exposition : « Je n’ai pas voulu dire, j’ai voulu faire. » Sempé qui « nous rappelle qu’on est minuscule ». Sempé qui ne juge jamais ses personnages. Des personnages qui ont tous une « réalité personnelle ». « Il les aime, il les excuse, il les regarde avec bienveillance », même quand il en sourit. Car on ne doit pas oublier que les dessins de Sempé « sont faits pour sourire ».
Sempé, Un peu de Paris et d’ailleurs, Hôtel de Ville de Paris, Salle Saint-Jean, 5, rue de Lobau, 75004 Paris
Tous les jours sauf dimanche et jours fériés, 10h-19h
Entrée libre
Du 21 octobre 2011 au 31 mars 2012
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