"On Air" : enregistrer son 1er titre au Centre Pompidou
Au mur du Studio 13/16 du Centre Pompidou : une immense frise à la craie, non sans rappeler les tableaux noirs d’école. Mais dans cet espace entièrement dédié aux adolescents, il n'est pas question d’apprendre des formules mathématiques. L’artiste Le Tone a dessiné au mur une histoire décalée des arts visuels et sonores.
Il trace les interactions et les influences entre les acteurs de ces deux domaines à travers le temps. Au milieu du tableau, le jazz relie ainsi le peintre Piet Mondrian et le compositeur John Cage. Wagner et Kandisky entoure l’Art total des années 1850 et en suivant les flèches, on passe du mouvement Bahaus à Blur.
Le Tone est lui-même un condensé du propos de l’exposition. Adepte du crayon depuis tout jeune, il adhère d’abord au mouvement graphique du hip-hop en dessinant les pochettes d’albums de rap avant de se mettre à la musique. Sur sa fresque de 30m², l’artiste a pensé à laisser des blancs. A chacun d’enrichir cette histoire de la musique avec ses groupes préférés.
Un studio de verre
Face à la fresque, un cube de verre trône au milieu du Studio 13/16. A l’intérieur, quatre micros, deux guitares électriques, une basse et une batterie. Cette « boîte à musique » est un véritable studio d’enregistrement. Accompagné d’un ingénieur du son, les jeunes y entrent par groupe de quatre avec, au bout d’une heure, la possibilité de repartir avec leur maquette sur cd.
Métal, rock ou guitare voix : la création n’a pas de limite. Certains viennent seuls ou à deux, et se joignent aux inscrits pour un bœuf improvisé. D’autres groupes déjà formés, habitués à jouer ensemble, ont de ce studio une utilisation quasi professionnelle et y enregistrent leur EP.
La visite est aussi l’occasion pour les néophytes de s’initier en toute liberté à la pratique des instruments. A l’instar de ce groupe de jeunes de 11 à 18 ans d'une Antenne Jeunes venus ce mercredi après-midi découvrir une histoire décalée de la musique et écrire leur propre histoire. Dans la bulle de verre, on les découvre plus ou moins à l’aise. Certains restent timides, cachés derrière la batterie, et d’autres se lancent au micro sans hésiter pour une série de vocalises !
A l’extérieur, les visiteurs, stupéfaits, regardent les musiciens s’exciter en silence comme dans un concert de « air guitar ». Et pour cause : le cube est totalement insonorisé. Mais pour ajouter la dimension sonore à cet étrange spectacle, il suffit de s’équiper de l’un des casques disposés autour de la boîte.
"Sans intercation une oeuvre n'existe pas"
Ce dispositif est l’œuvre « Untitled 1996 » de Rirkrit Tiravanija. Un artiste d’origine thaïlandaise à qui l’on doit déjà « Soup/No Soup », un banquet festif dans la Nef du Grand Palais en avril dernier. Son travail se caractérise toujours par des situations qui mettent en exergue le rapport des visiteurs entre eux : « Pour moi l’œuvre est toujours dans la construction. Sans interaction ou activation, elle n’existe pas ».
Le visiteur est ainsi spectateur et/ou participant. Dans une interview publiée sur le site du Centre Pompidou, Rirkrit Tiravanija souligne son attirance pour l’amateurisme, et rappele un adage punk qui résume bien son œuvre : « Joue une note, puis une autre, et fait une chanson »
Ouvert en septembre 2010, le Studio 13/16 est destiné, comme son nom l’indique, aux 13-16 ans. Au Forum -1 du Centre Pompidou, ces 250m² accueillent des rencontres avec des artistes en tous genres, des workshops pour s’essayer à l’art, des expériences indédites autour d'œuvres interactives, et des soirées et week-ends festifs.
Accès libre et gratuit tous les jours pendant les vacances (sauf le mardi) de 14h à 18h. Pour accéder au studio et enregistrer une maquette, les 13-18 ans doivent s'inscrire sur le site du Centre Pompidou.
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