Quand Lacroix habillait "Carmen" : les costumes du couturier à découvrir à Nîmes
Longtemps conservée dans un local dépendant des Arènes, une grande partie des costumes réalisés par le couturier Christian Lacroix pour l'opéra Carmen donné dans les arènes de Nîmes en juillet 1989, a rejoint les collections du Musée des Cultures Taurines.
L'ensemble de la collection (350 pièces) créée pour l'opéra est présentée au public, complétée par une centaine d'esquisses signées par le couturier, des témoignages d'archives et des photos.
Reportage : E. Terpereau / D. Pardanaud / S. Costanzo
Des pièces d'exception
Dans la chaleur de l'été 1989, les arènes de Nîmes s'embrasent. "Carmen", l'opéra de Bizet mis en scène par Antoine Bourseiller, laisse un souvenir brûlant au public du théâtre antique. Tous les costumes sont signés de Christian Lacroix. Les chanteuses apparaissent vêtues de robes des virevoltantes robes de gitanes à pois et à fleurs et Carmen s'évanouit dans un splendide et funèbre costume de Carmen noir et or. "Tout ce travail de broderie et le tulle noir sont en lien direct avec le costume du toréro", explique Aleth Jourdan, la conservateur en chef de l'exposition.L'art du costume par Lacroix
A l'époque, la confection des 350 pièces avait nécessité trois mois de travail par l'atelier Cacharel avec l'aide de bénévoles de la région. Cette première grande expérience de Christian Lacroix avec le costume de scène, renforce sa détermination. Dès son plus jeune âge, il s'intéresse déjà au costume de scène et avoue être "tombé" dans la mode par hasard.Aujourd'hui c'est en coulisses et sur les plateaux des théâtres et des opéras qu'on le croise le plus souvent. Ses dernières créations ont rhabillé Le "Songe d'une nuit d'été" de Balanchine à l'Opéra Bastille, et "Pelléas et Mélisande" de Debussy au Théâtre des Champs Elysées. Sa prochaine collection signe les costumes de "Tannhäuser", la nouvelle production de l'opéra de Sarrebruck.
Lacroix : l'arlésien et la corrida
Né à Arles en 1951, Christian Lacroix n'a jamais caché sa fascination pour la corrida. L'exposition de Nîmes revient sur ce lien fort entre le couturier et la tauromachie. A l'occasion de la création du "Carmen" à Nîmes, le couturier rencontre le jeune novillero Chamaco. Un gamin désinvolte au style inclassable entre Mad Max et Noureïev, dit-on à l'époque, présenté comme le torero fou, un peu dans la lignée d'El Cordobés.Lorsqu'il découvre le travail de Lacroix, il exige un habit du couturier, sinon rien ! "Je suis allé à Huelva, je l’ai rencontré en famille et c’était un voyage intime, un peu magique, à cause de ces liens que nous avons tous ici avec l’Andalousie. Après, je me suis enfermé pendant des jours pour jeter sur le papier des dizaines d’esquisses. Je voulais coller au personnage transgressif, à son côté punk tout en respectant la forme ou la coupe de l’habit traditionnel", se souvient le couturier dans un entretien à Libération en 2010.
Le 6 juin 1992, l’entrée de Chamaco sur la piste de Nîmes fait sensation : son habit blanc aux broderies à dominante noire et camaïeux multicolores éblouit l'arène.
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