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Plus de 300 épreuves de Claude Dityvon aux enchères, de la série Mai 68 à Rimbaud

Éclairages de cinéma, silhouettes fantomatiques dans la fumée blanche, c'est un Mai 68 crépusculaire et poétique qu'a saisi Claude Dityvon, dont 71 tirages des événements seront dispersés. Ils font partie, avec les photos de tournage ou de portraits, de la vente de 320 épreuves du photographe français, co-créateur de l'agence Vu, organisée par la maison d'enchères Millon le 15 mai à Paris.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Daniel Cohn-Bendit, la Mutualité - 9 mai 68 (détail)
 (Dityvon-Millon)

Au total, 320 épreuves noir et blanc réalisées par l'auteur, provenant de sa collection personnelle et retraçant l'ensemble de sa carrière, entre 1967 et 2007, passeront sous le marteau des commissaires priseurs.

Exposition des photos à Nice puis à Paris

Les estimations vont de 100-150 euros à 1.500-2.000 euros. Les épreuves seront exposées à Nice les 2, 3 et 4 mai à l'agence Millon Riviera, et le 14 mai à l'Hôtel Drouot à Paris.
Pur autodidacte - sa femme lui offert son premier appareil en 1967 - Dityvon a été profondément marqué par le cinéma expressionniste des années 30 (Murnau, Dreyer). Il est aussi fan de poésie et de jazz.
Boulevard Saint-Michel, prise de la Sorbonne, 12 juin 1968.
 (Dityvon-Millon)
Plus libre - il travaille pour lui-même - plus décalé, son travail sur Mai 68 n'a pas la notoriété de ceux de Gilles Caron ou Bruno Barbey, venus du reportage. Mais certaines de ses images sont restées célèbres : un manifestant vu de dos, assis sur une chaise, face à un rideau de gaz lacrymogène, ou un jeune infirmier portant une femme blessée dans ses bras (estimation 1.000-2.000 euros chacun).

Un Mai 68 décalé

Dityvon, disparu en 2008, marque aussi sa différence avec des portraits d'un Daniel Cohn-Bendit ténébreux, bien loin du trublion hilare immortalisé par les médias et par Caron.
La plupart des épreuves sur Mai 68 mises aux enchères portent au dos des notes manuscrites du chanteur Renaud, avec lequel Dityvon a signé en 1988 un ouvrage sur les événements (Ed. Carrère/Kian).
Le montreur d'ours, La Courneuve, 1967
 (Dityvon-Millon)
Spécialiste des images de nuit et des clairs-obscurs, Dityvon est d'abord un maître de la composition. Il se définissait comme "un hybride d'Henri Cartier-Bresson et de Robert Frank", rappelle l'expert de la vente, Christophe Goeury. Mais s'il est toujours à la recherche du cadrage parfait, il y a chez lui comme un effet de bougé.

Photos de matches de basket, de tournages, de la caravane de Rimbaud... 

Dityvon n'a pas seulement photographié les étudiants en révolte. Cofondateur de l'agence Vu en 1972, il s'intéresse aussi aux mineurs de Lens, aux pêcheurs ou aux habitants de La Rochelle, sa ville natale. Grand amateur de sport, il suit le club de basket de Limoges et le club de football du Red Star.
Juliette Binoche, tournage de Rendez-vous, André Téchiné, 1984.
 (Dityvon-Millon)
Sont également mises aux enchères des images d'"Albums de tournage" réalisés en collaboration avec les Cahiers du cinéma (Maurice Pialat, André Téchiné, Jacques Demy...) et des portraits d'auteurs de BD (Tardi, Gotlib, Bilal).

En 2004, Dityvon exauce un rêve d'adolescent : suivre les traces de la caravane de Rimbaud, dans l'actuelle République de Djibouti. Une aventure qui fait l'objet d'un livre en 2005. 

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