Photo française et petit format en vedette au prochain Mois de la photo à Paris
Hors thème, le Jeu de Paume offrira une vue des huit décennies de travail du grand photographe mexicain Manuel Alvarez Bravo (1902-2002). Et Le Bal exposera « The Present », le dernier travail du Britannique Paul Graham qui, dans les rues de New York, a prélevé au même endroit deux temps, deux images que sépare un court instant, dépliant ainsi l'"instant décisif".
Agnès de Gouvion Saint Cyr, ancienne inspecteur général pour la photographie au ministère de la Culture, est commissaire du thème « Small Is Beautiful ». Lors de la présentation à la presse du prochain festival, elle raconte : « Un jour, je discutais avec Brassaï en train de tirer des contacts, et il expliquait que tout ce qu’il avait vu était dans cette petite surface, en condensé .Il pensait qu’il fallait laisser le temps ‘des confidences’ », ajoute-t-elle, estimant qu’avec les petits formats, « on a l’impression de pénétrer davantage l’âme du photographe ».
Certains tirages sont petits par la force des choses, comme les daguerréotypes de Chine de Jules Itier datant de 1850, qui seront exposés au Centre culturel de Chine. Au chapitre des pionniers de la photo, cette fois du 35 mm, Ilse Bing (1899-1998) sera exposée à la galerie Karsten Greve.
« Il y a aussi les photographes qui travaillent dans l’intime, comme Bernard Plossu, Sarah Moon ou Masao Yamamoto », souligne Agnès Gouvion de Saint Cyr. Ces « trois poètes de la miniature » seront exposés à la galerie Camera Obscura. Elle cite aussi de jeunes artistes qui travaillent naturellement en petit format. Et après le Polaroid, ce sont les téléphones portables qui peuvent servir de bloc-notes.
C’est Leonor Nuridsany, commissaire d’expositions indépendante et critique d’art, qui s’occupe du thème « Photographes français et francophones de 1955 à nos jours ». « Une langue commune peut-elle rassembler les photographes francophones » et « peut-on parler de spécificité » française, s’est-elle demandé. « Oui et c’est ce qu’on va voir grâce aux expositions historiques » comme celle de la MEP (Maison européenne de la photographie) sur la photographie française de 1950 à 2000, annonce-t-elle.
L’intérêt pour le photoreportage et le documentaire, ainsi qu’une façon très subjective, voire poétique, d’envisager la photo, les ponts avec la fiction sont, selon Leonor Nuridsany, très spécifiquement français.
Sur ce thème, on verra dans les galeries les photographes Françoise Huguier, Gérard Rondeau, Bertille Bak, la « photocopine » de Doisneau Yvette Troispoux, Jean-François Spricigo, Jean-Pierre Leloir, un hommage à Jérôme Brézillon …
Par ailleurs, le numérique a bouleversé le rapport à la pratique artistique, souligne-t-elle. Elle a conçu un espace d’exposition uniquement sur internet, « Une réalité peut en cacher une autre », pour laquelle elle a lancé un appel à projet aux étudiants.
Enfin, le « Réel enchanté », à l’opposé d’une photographie qui rendrait compte d’une réalité brute, s’occupe de photographie mise en scène et de transfiguration subjective. D’« enjoliveurs » qui construisent du monde une image esthétique, ludique, positive, selon les mots du commissaire de ce thème, Stéphane Wargnier, consultant en mode et luxe.
A noter dans cette section la rétrospective Ferenc Berko à l’Institut hongrois, les images aux couleurs surréalistes du conflit au Congo par Richard Moss (Centre culturel irlandais), la vision onirique de la ville de Thibault Brunet (Galerie Binôme), « champs obscurs » de Corinne Mercadier (Galerie des Filles du Calvaire).
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