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Mort de l'éditeur de photographie Robert Delpire, créateur du "Photo Poche"

Robert Delpire, grand éditeur français de photographie, créateur de la petite collection noire Photo Poche, est décédé dans la nuit de lundi à mardi à son domicile parisien, à 91 ans, a-t-on appris mardi auprès de sa maison d'édition.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Robert Delpire (2009)
 (GERARD JULIEN / AFP)

Montreur d'images

Récemment encore il poursuivait son œuvre d'éditeur, au sein de la maison Delpire Editeur, propriété du groupe indépendant Libella. Il avait dû y renoncer "il n'y a pas longtemps", car il était "trop fatigué", selon la même source.

"J'édite, donc je vis. J'ai le même plaisir qu'il y a des décennies à créer des livres et à mettre en place des expositions", disait-il en 2012 au moment du rachat de sa maison d'édition.

Robert Delpire, conjoint de la cinéaste Sarah Moon, édita de grands noms de la photographie comme Henri Cartier-Bresson, Brassaï ou Marc Riboud. En 1958, il immortalisa le grand œuvre de Robert Frank avec l'album "Les Américains".

Le "travail de l'éditeur, c'est de valoriser le travail des autres. C'est un travail non seulement d'équipe, mais de connivence. Je n'ai jamais publié quelqu'un qui ne m'intéressait pas", disait Robert Delpire à l'AFP en 2009 à l'occasion des Rencontres d'Arles, qui lui avaient consacré plusieurs expositions.

"Je suis un montreur d'images, j'aime autant la photo que le dessin, l'image en général", disait encore celui que tout le monde dans le milieu surnommait "Bob" et qui aura aussi été publicitaire et réalisateur de films.

Robert Delpire était né le 24 janvier 1926, dans une famille d'ouvriers. "J'aimais, enfant, regarder les illustrations de Jules Verne dans l'édition Hetzel", disait-il.

Le jeune homme se lance dans des études de médecine et travaille à 23 ans pour "Neuf", une revue destinée aux médecins qui devient vite une revue d'art. On y trouve Breton, Picasso, Sartre. Delpire crée des suppléments sous forme de livres illustrés. "J'ai démarré ainsi ma profession", dit-il.

L'Oeil

Dès le début des années 1950, il édite Cartier-Bresson, Brassaï, Robert Doisneau, Jacques-Henri Lartigue...

"On dit quelquefois que j'ai découvert Cartier-Bresson. Surtout pas. Il avait déjà publié. Je suis allé vers lui, on a tout de suite sympathisé, il est resté un de mes grands amis", racontait-il. Il prend en 1955 la direction artistique de la revue d'art "L'OEil", dont il trouve
le titre. Delpire va ensuite ouvrir une galerie, lancer une agence de publicité, produire des films de William Klein, et créer Photo Poche.

"L'histoire a commencé par un échec", dit-il. "J'ai été très tôt préoccupé par le fait de faire des livres accessibles à tous". Une première collection est lancée, mais s'arrête vite, encore trop compliquée à produire.

Les leçons sont néanmoins retenues pour le futur Photo Poche qui naît en 1982 quand Robert Delpire prend les rênes du Centre national de la Photographie, nommé par le ministre de la Culture Jack Lang.

Photo Poche compte aujourd'hui des dizaines de titres, en France mais aussi en Italie, en Allemagne, en Grande-Bretagne ou au Japon.

"Bob, qui a passé les deux dernières années à finaliser ses magnifiques herbiers nous laisse - laisse au monde entier - la collection Photo Poche, la plus vendue au monde, rêve de bibliothèque idéale pour la photographie", a souligné dans un communiqué Christian Caujolle le fondateur de l'agence VU.

"On a dit que c'était un oeil, ce qui est indéniable, mais c'était avant tout un caractère", ajoute-t-il. "Un caractère fait de fermeté, de fidélité à ce qui comptait pour lui, et de curiosité qui n'admettait pas les faux-semblants mais lui permettait d'évoluer".

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