Mois de la photo : 100 chefs-d’œuvre choisis à la BNF
Pendant deux ans, les deux commissaires de l’exposition se sont demandé ce qu’était un chef-d’œuvre en photographie. « On a travaillé des mois et des mois pour choisir cent pièces parmi des millions », raconte Marc Pagneux.
Les deux commissaires revendiquent un choix subjectif : « On voulait fixer un état du goût, en 2012 », de deux personnes très investies dans la photo.
Il ne s’agissait pas de faire une histoire de la photographie, explique Sylvie Aubenas, mais de concevoir une exposition « assez libre, agréable et ludique » où les spécialistes pourraient retrouver des images et faire des trouvailles, mais surtout où les néophytes auront une première approche de la photographie historique, dans le plaisir et la découverte. « On voulait des images de tous les registres de la photographie », précise-t-elle : des images documentaires, des nus, des portraits, des paysages…
Ils sont partis des débuts. L’image la plus ancienne est un essai de William Henry Fox Talbot de 1839, l’année de l’invention de la photographie. Ils se sont arrêtés dans les années 1980 « avec l’idée que pour parler d’un chef-d’œuvre, il faut un minimum de recul sur une œuvre, sur un auteur ».
Les images sont numérotées de 1 à 100, avec un cartel explicatif sur le photographe, parfois très connu, parfois inconnu. Une image d’Henri Cartier-Bresson, le petit joueur de ballon de Valence (Espagne, 1933), est encadrée par deux inconnus. On verra un Nadar, un Brassaï, un Diane Arbus, un William Klein, pas plus d’un pour chaque auteur. On suit un parcours où les images sont regroupées et s’enchaînent par affinités, hors de toute chronologie ou thématique. Elles se parlent, se répondent. Parfois c’est évident, comme ce grand nu de dos qui suit un autre nu de dos, minuscule Eleanor perdue dans le noir, de Harry Callahan.
Après les lustres de Versailles par André-Adolphe-Eugène Disdéri (1855), une fontaine, comme un « lustre inversé » de Louis-Rémy Robert. Suit une femme renversée en arrière dont Arturo Bragaglia a voulu capter le mouvement. Mouvement qui résonne avec le mouvement de l’eau dans la précédente. Et avec celui de la suivante, un grand tirage du « Grand nu renversé en arrière de Man Ray ». Succède à celle-ci le mouvement d’un sauteur en hauteur d’Etienne-Jules Marey et enfin une photo de Gustave Le Gray, qui saisit une « vague brisée ».
Cette succession de quelques images est un « résumé en assez peu de pièces de ce qu’est l’exposition », souligne Marc Pagneux. Parfois, on comprendra moins bien l’enchaînement : « En plus de la jubilation, il y a des petits secrets à trouver » pour savoir pourquoi telle image vient après telle autre. On peut chercher les liens ou se laisser aller au simple plaisir d’apprécier les photos, choisies pour la beauté formelle et la qualité du tirage.
L’exposition se veut le reflet de la spécificité, de la richesse et de la variété de la collection de la BNF, qui s’est « constituée toute seule pendant plus de cent ans », raconte Sylvie Aubenas, avant d’être complétée par une politique d’acquisition réfléchie. « Il y a des choses dans la collection des choses dont on ne sait pas qu’elles y sont » et les deux commissaires eux-mêmes y ont fait des découvertes.
Il y a donc des icônes, comme ce très beau tirage de « CRS poursuivant un manifestant » de Gilles Caron acquise par la BNF dès septembre 1968, les « Hamburgers » de Robert Frank ou « East End Girl Dancing » de Bill Brandt. Des images surprenantes comme Emile Zola allongé dans l’herbe, pris par sa femme sur ses consignes. Ou un autoportrait de Degas de 1895.
Seules quelques photos couleur ont été sélectionnées, et sont regroupées, dont un ciel rose de William Eggleston et un « Mur violet » de Franco Fontana. « La photo couleur a été taboue presque jusqu’à la fin du siècle », rappelle Marc Pagneux. Et « on s’est arrêté avant la photo plasticienne », précise Sylvie Aubenas, pour la raison citée plus haut : n’ont été retenus que des auteurs qui faisaient déjà partie de la photo « historique ».
Pour chaque image, on a demandé à des personnalités extérieures au monde de la photographie de les commenter, proposant leur regard subjectif sur les œuvres. Des extraits de leurs textes sont projetés sur les murs.
La photographie en cent chefs-d’œuvre, BNF/François Mitterrand, quai François Mauriac, Paris 13e
tous les jours sauf lundi et jours fériés, du mardi au samedi 10h-19h, dimanche 13h-19h
Tarifs : 7 € / 5 €
Du 13 novembre 2012 au 17 février 2013
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