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Les migrants, les conflits oubliés et le Brésil à Visa pour l'Image

Crise des migrants, guerre contre le groupe Etat islamique, ravages du virus Zika : le festival international de photojournalisme Visa pour l'Image, dont la 28e édition débute samedi à Perpignan, expose un monde en pleine tourmente, sans se focaliser sur les attentats ayant frappé l'Europe ces derniers mois.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Les photos de migrants d'Aris Messinis à Visa pour l'Image 2016
 (Raymond Roig / AFP)

"La thématique la plus visible", indique Jean-François Leroy, directeur et cofondateur du festival Visa pour l'Image, "ce sont les migrants avec trois expositions, dont celle d'Aris Messinis du bureau de l'AFP à Athènes", sur le flot de réfugiés vers l'île grecque de Lesbos et intitulée "Scènes de guerre en zone de paix".

Photo d'Aris Messinis : "Scènes de guerre en zone de paix". Des migrants passent la nuit dans un champ avant de s’enregistrer au « hot spot » de Moria, sur l’île grecque de Lesbos. 9 novembre 2015.
 (Aris Messinis / AFP)

Il y a aussi les travaux d'un autre photographe grec, Yannis Behrakis  (Reuters), qui après avoir parcouru les conflits déchirant le monde pendant 25 ans est revenu dans son pays couvrir l'arrivée massive de Syriens, Afghans et Irakiens fuyant les horreurs de la guerre.
 
Photo de Yannis Behrakis. "Les chemins de l'espoir et du désespoir". Migrants et réfugiés suppliant la police de les laisser traverser la frontière pour entrer en Ancienne République yougoslave de Macédoine. Près du village grec d’Idomeni, 10 septembre 2015.
 (Yannis Behrakis / Reuters)

Marie Dorigny s'est de son côté attachée à suivre les femmes migrantes. Avec leurs enfants, elles ont représenté plus de la moitié des passagers entassés dans des canots pneumatiques tentant de rejoindre les rives  européennes.
Photo de Marie Dorigny. "Displaced - Femmes en exil". Hotspot de Moria, Lesbos, Grèce. C’est là que se trouve le premier point d’enregistrement des réfugiés («hotspot») à leur arrivée en Europe. C’est là également que s’opère le premier tri entre les différentes nationalités. L’attente pour les formalités d’enregistrement est longue. Les familles doivent faire la queue durant des heures. 
 (Marie Dorigny / MYOP pour le Parlement européen 2016)

Les migrants sont le thème le plus présent

Jamais, depuis la guerre du Kosovo, Visa pour l'Image n'avait reçu autant de propositions de sujets sur cette crise historique.
  (Yannis Behrakis / Reuters)
 
En septembre 2015, au moment de la précédente édition du festival, la photo du cadavre du petit Aylan Kurdi sur une plage turque avait fait le tour du monde et suscité une vague d'émotion planétaire. Il y a quelques jours, l'image du petit Omrane, 4 ans, hagard et recouvert de sang, blessé à Alep (Syrie), a également beaucoup ému.
 
"Mais après, il ne se passe rien. On a dit 'plus jamais ça' mais on les laisse se noyer", s'emporte le directeur du festival. "Une photo n'a jamais arrêté une guerre ni influencé un responsable. Et je le regrette.".

Pas de "mort au kilomètre"

Quant aux attentats ayant frappé l'Europe - la France mais aussi la  Belgique ou l'Allemagne - ils seront abordés en soirées lors des projections, explique Jean-François Leroy. Mais pas lors des expositions.
 
"On a adopté un principe : un attentat à Nice, Paris ou Bruxelles a la même importance qu'un attentat à Kaboul ou Alep. On refuse le 'mort au kilomètre',  selon lequel un piéton écrasé à Perpignan est plus important qu'un double attentat à Kaboul avec plus de 200 morts", déclare-t-il à l'AFP.
 
"On met tous les attentats au même niveau, c'est ma responsabilité en tant  que directeur d'un festival international", insiste-t-il.

Le Brésil loin des JO

De fait, ce rendez-vous incontournable de la profession offre une visibilité à des travaux qui ne font pas nécessairement la une de l'actualité, comme la situation très difficile des homosexuels et transgenres en Afrique (Frédéric Noy/Cosmos avec "Ekifilre ou les demi-morts").
 
Peter Bauza pour Echo Photojournalism n'a pas photographié le Brésil des Jeux olympiques mais a tourné ses objectifs vers Jambalaya, connu sous le nom de Copacabana Palace, un complexe immobilier près de Rio en partie occupé par des sans-abri. 300 familles y vivent dans des conditions insalubres.
Photo de Peter Bauza : "Copacabana Palace, Brésil". Maria Eduarda dans la chambre qu’elle partage avec quatre frères et sœurs.
 (Peter Bauza / Echo Photojournalism)

Niels Ackermann pour Lundi13 a rencontré les enfants de Tchernobyl qui sont devenus grands.
La photo de Niels Ackermann, Lauréat 2016 du Prix de la Ville de Perpignan Rémi Ochlik. "L'ange blanc : les enfants de Tchernobyl sont devenus grands". Slavoutytch, Ukraine, 1er juin 2013. Zhenya et Ioulia entourés de leurs témoins, Irina et Artiom, lors de leur mariage à la mairie.
 (Niels Ackermann / Lundi13)

Et Felipe Dana (Associated Press) s'est rendu dans le nord-est du Brésil, une région pauvre durement frappée par le virus Zika, pour rencontrer des familles parmi les premières touchées par cette maladie.

3000 professionnels accrédités

Visa pour l'Image braque aussi les projecteurs sur des conflits qui passent souvent sous les radars des médias généralistes comme le Soudan du Sud (avec Dominic Nahr) ou même l'Afghanistan avec Andrew Quilty (Agence Vu'), basé à Kaboul depuis 2013.
 
Jusqu'au 11 septembre, le grand public tout comme 3000 professionnels accrédités et 280 agences représentant une cinquantaine de pays sont attendus à  Perpignan. Plus de 30 agences et collectifs de photographes du monde y ont un bureau de présentation.
 
En raison de la menace terroriste en France, la sécurité a été renforcée  mais la programmation n'a pas été modifiée.

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