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Les horizons verticaux et les aubes d'Hiroshi Sugimoto aux Rencontres d'Arles

Le Japonais Hiroshi Sugimoto, 65 ans, maître du noir et blanc, est un des invités stars d’Arles. Il est présent aux Rencontres internationales de la photographie avec deux expositions. Pour l'une, il a photographié la lune sur la mer, en noir et blanc. Pour l'autre, la lumière de l'aube décomposée, en couleur.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Le photographe japonais Hiroshi Sugimoto devant un de ses paysages marins aux Rencontres d'Arles (2 juillet 2013)
 (PhotoPQR / Nice Matin / MAXPPP)

"Révolution" présente une dizaine de tirages de sa série de paysages marins nocturnes "Seascape" réalisés à partir des années 1980.
 
"Je suis allé dans les endroits les plus reculés de la planète comme Terre-Neuve pour faire ces images", explique Hiroshi Sugimoto dans un entretien à l'AFP. "Je voulais photographier la mer dans des endroits où ne passent ni cargos, ni pétroliers ni yachts."

Hiroshi Sugimoto, Revolution 008, mer des Caraïbes, Yucatan, 1990
 (Hiroshi Sugimoto / Rencontres d'Arles)
 
Des horizons marins renversés
Dans la nuit profonde, presque métaphysique, la terre, la mer, le ciel. Et puis la lune, simple point ou long trait lumineux selon le temps de pose retenu.
 
Récemment, l'artiste a eu l'idée de faire pivoter ses paysages marins de 90 degrés, renversant la perception. "C'est comme si on regardait depuis l'espace", souligne-t-il. "Cette série est liée à mon premier souvenir d'enfance. J'avais trois ou quatre ans lorsque j'ai vu un très beau paysage marin, avec des lignes très  nettes."
 
"Cela m'a fait une très forte impression. J'ai compris que j'étais là, que j'étais né, que j'étais un être humain", dit-il. "Devenu adulte, j'ai cherché à recréer ce souvenir avec la photographie."
 
La photo, "une machine à remonter le temps"
"Les hommes ont totalement transformé la surface de la terre en la cultivant, mais ils n'ont pu modifier la mer. Il y a des milliers d'années, les premiers hommes regardaient sans doute les mêmes paysages marins que nous", relève l'artiste, qui vit entre Tokyo et New York.
 
"La photographie est une machine à remonter le temps pour moi. Avec elle, je peux voyager en arrière dans l'histoire."
 
Né en février 1948 à Tokyo, Hiroshi Sugimoto  a étudié l'art au début des années 1970 à Los Angeles. "Je voulais être un artiste conceptuel et la photographie constituait un  bon medium" pour cela, explique Sugimoto, installé à New York depuis 1974.
Hiroshi Sugimoto, Couleur Polarisée 032, 2010
 (Rencontres d'Arles / Hiroshi Sugimoto)
 
Sugimoto ne photographie pas les vivants
Admirateur du surréaliste Marcel Duchamp, Sugimoto  a réalisé de très nombreuses expositions dans le monde. Il procède par séries : photographies de salles de cinéma à l'ancienne, d'architectures, mais aussi de personnages célèbres en cire.
 
Sugimoto  ne photographie pas les vivants. "Je photographie seulement des gens morts, le portrait en cire de figures historiques" : Napoléon, Lénine et aussi Lady Diana. Pourquoi des morts ? "Parce qu'ils ne bougent pas !", répond-t-il en riant.
 
Invité star des Rencontres d'Arles qui ont choisi pour thème cette année le noir et blanc, Sugimoto en défend les mérites. "Le noir et blanc est plus abstrait, plus pur; c'est comme un joyau."
Hiroshi Sugimoto, Carré Hermès Editeur, Couleurs de l'ombre 128 1/7
 (Hiroshi Sugimoto / Rencontres d'Arles)
 
Des polaroïds en couleur
Sugimoto  travaille quasi exclusivement en noir et blanc. "C'est davantage un défi car presque personne ne fait du noir et blanc désormais." Comme l'artiste ne manque pas d'humour ni d'esprit de contradiction, il a cependant tenu à présenter à "Arles in Black" une exposition sur "les couleurs de l'ombre".
 
Elle est constituée notamment de photos polaroïd rendant perceptibles les infinis dégradés d'une couleur donnée. De façon très scientifique, Sugimoto a travaillé plusieurs années sur la décomposition de la lumière. Notamment à la lumière de l’aube, captant les couleurs à mesures que le soleil apparaît. Il a utilisé pour cela les derniers films polaroïd existant au Japon.
 
Un jour de 2008, Pierre-Alexis Dumas, directeur artistique d'Hermès, est  venu le voir à Tokyo pour lui demander un projet sur le fameux carré de la marque, raconte Victor Borges, directeur Soie et textile de la société.
 
"Il y avait quelque 200 polaroïds posés sur le parquet de l'atelier". La marque de luxe a sélectionné vingt images pour réaliser de grands carrés de soie en édition limitée vendus 7.000 euros pièce. Plusieurs sont présentés dans l'exposition.
 
Hiroshi Sugimoto, "Révolution", Espace Van Gogh, 10h-19h30
"Couleurs de l’ombre", église Saint-Blaise, 10h-19h30
 
8€ pour les deux expositions, jusqu’au dimanche 22 septembre

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