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Lassés du numérique de nombreux photographes reviennent à l'argentique

De nombreux photographes, amateurs comme professionnels reviennent aux anciennes techniques. Lassés du numérique, ils trouvent refuge dans l'argentique et utilisent à nouveau des appareils nécessitant un film qu'il faut développer puis tirer sur papier. Un choix moins technique qu'il n'y paraît, les adeptes de l'argentique redéfinissant par leur pratique leur approche du temps et de la patience.
Article rédigé par franceinfo
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Appareil photo argentique
 ( JS EVRARD/SIPA)

C'est un peu le pendant photographique du retour du disque vinyle dans les pratiques musicales. De plus en plus de photographes, qu'ils soient professionnels ou amateurs, choisissent de délaisser la modernité numérique pour retrouver les émotions de la photo argentique. Alors qu'aujourd'hui un cliché numérique, le plus souvent pris avec un téléphone portable, ne coûte guère plus que les quelques milliers d'octets qu'il occupera sur le disque dur de stockage, le prix d'une photo argentique est incomparablement plus important. Sur un film 24X36, le format le plus courant, on n'en compte que 36 au maximum. Noir et blanc ou couleur, il faut acheter le film (populairement nommé "pellicule") puis, après l'avoir exposé, le traiter. Une pratique devenue de plus en plus onéreuse au fur et à mesure qu'elle se raréfiait. Aujourd'hui, le fameux film TRI-X noir et blanc de Kodak coûte environ 8 euros. Somme à laquelle il faut ajouter le prix du développement et celui du tirage, 15 euros pour les travaux les plus courants en petit format. Le coût devient donc une nouvelle contrainte.

Technique et philosophie

C'est là que la technique rejoint la philosophie. Question : a-t-on plus de chance de réussir une photo en multipliant les prises de vues, comme cela se pratique majoritairement en numérique, ou en ayant la patience d'attendre le bon moment ? La réponse est dans la question.

Cette nouvelle approche, patiente et analytique, de l'économie du moment rend à la photographie son caractère à la fois contemplatif et opportuniste. Il faut savoir attendre et surtout savoir quand est venu l'instant fugace de déclencher l'obturateur. Saisir la demi-seconde précédente ou attendre une demi-seconde de trop et l'image idéale, la seule qui vaut la peine d'être capturée, est perdue. En rafale, elle se cachait peut-être entre deux photos !

La photographie argentique exige donc de repenser le temps de l'image. D'autant qu'il est impossible d'en vérifier instantanément la qualité puisque le résultat ne sera visible qu'au minimum quelques heures plus tard. Sauf à disposer d'un appareil photo instantané du type "Polaroïd". Mais dans ce cas la photo est unique et demande à être numérisée pour pouvoir être reproduite.
Appareil photo instantané de marque Polaroïd datant des années 70
 (WASSILIOS ASWESTOPOULOS / NURPHOTO)

La photographie comme un art martial

Il est certes possible de s'astreindre à la même discipline avec du matériel numérique. C'est d'ailleurs ce qui différencie un bon photographe d'un faiseur de photos. Le second fera confiance à la chance et à l'accumulation de clichés en espérant avoir saisi, un peu au hasard, le bon moment, ce qui peut arriver. L'autre saura d'instinct qu'il n'aura pas à doubler son cliché. Une discipline dont l'esprit peut s'apparenter à celui de certains arts martiaux parmi les plus exigeants, comme celui du Kiudo, l'art japonais du tir à l'arc. 

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