Reportage : C.Massin/A.Mery/P.Van Belleghem/B.Weill Deux regards diamétralement opposés sur leur art. Lui, Helmut Newton,"trafiquant d'image" assumé, roi de la mise en scène et de la provocation. Elle, Alice Springs, adepte de la simplicité et du naturel. Deux approches mais une admiration mutuelle pour le travail de l'autre.Pendant cinquante-six ans, ils ont partagé leur vie et leur carrière sans jamais empiéter l'un sur l'autre, jusqu'à la mort de Newton dans un accident de voiture en 2004. Une association à la vie comme à l'imageAllemand ayant fui le régime nazi en 1938, Helmut Newton s'installe en Australie. C'est là qu'il rencontre une jeune actrice June Brunell (née June Browne), qu'il épouse en 1948. Dans les années 60, la carrière de Newton explose. Ses photos de mode mises en scène, ses nus audacieux et ses portraits de stars le propulsent au firmament de la photographie. En 1971, ce travailleur acharné est victime d'une crise cardiaque. Dans l'impossibilté de réaliser une séance photo, il la confie à June qui prend alors le nom de la ville australienne d'Alice Springs.Autodidacte de talent, elle devient bientôt l'une des portraitistes préférées d'Hollywood. Sa marque de fabrique : la simplicité de la composition et l'utilisation de décors et de lumière naturels au service du modèle. Alice Springs devant une de ses photographies représentant Helmut Newton, Berlin 2010. (EISELE/AFP) Un style à des années lumières de la photo étudiée et pleine de double sens de Newton qui résumera les choses ainsi : "Je perçois la vérité et la simplicité des portraits d'Alice Springs. Quant à moi je reconnais la part de manipulation et de parti pris qui existe dans mes images”. "Helmut Newton & Alice Springs - Us and them" à la Maison européenne de la Photographie28 rue Pierre Legrand à Lille, jusqu'au 31 janvier 2014