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Décès de Marc Riboud, photographe du monde
Le photographe Marc Riboud, maître du noir et blanc célèbre pour ses reportages dans le monde entier et notamment en Chine, est décédé mardi à l'âge de 93 ans des suites d'une longue maladie, a annoncé sa famille mercredi.
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Parmi ses clichés les plus connus, "La Fille à la fleur" (1967), celui d'une militante contre la guerre du Vietnam, face à des soldats en armes devant le Pentagone, et "Le Peintre de la Tour Eiffel", un ouvrier en équilibre sur la structure de la Tour (1953).
"Mon obsession : photographier le plus intensément possible la vie la plus intense. C'est une manie, un virus aussi fort pour moi que le réflexe d'indépendance", disait-il dans la présentation d'une rétrospective de cinquante ans de son travail au musée de la Vie romantique à Paris en 2009.
Un métier de silence
"Je pratique plus souvent la photographie comme un travail de solitaire, comme un métier de silence, avec de longues heures de marche, de flânerie et d'attente. J'aime aussi photographier les détails, les toutes petites choses de la vie ordinaire", disait-il encore, dans la présentation d'une autre exposition, en 2014-2015 à Lyon.Né en 1923 à Lyon, Marc Riboud avait fait ses premières photos à 14 ans avec le Vest-Pocket de son père, à l'Exposition universelle de Paris. Engagé dans la Résistance dans le maquis du Vercors, il fait après la guerre des études d'ingénieur mais rapidement il décide de se consacrer entièrement à la photographie et voyage aux Etats-Unis.
A Paris, en 1952, il rencontre Henri Cartier-Bresson et les photographes de Magnum qui le font entrer à l'agence. Il photographie Paris et fait sa célèbre photo du "Peintre de la Tour Eiffel", sa première publication dans Life. Il sera président de Magnum de 1974 à 1976 mais quittera l'agence en 1979 parce qu'il "n'aime pas la compétition pour la gloire" qui s'y développe, dit-il.
Premier voyage en Chine en 1957
Capa l'envoie à Londres en 1955. Il entreprend ensuite un grand voyage qui le mène en Turquie, où il photographie les paysages de Cappadoce, en Asie Centrale, en Inde, notamment à Chandigarh, en Afghanistan avant un premier long séjour (trois mois) en Chine, en 1957. Une Chine maoïste encore rurale où peu d'étrangers peuvent entrer.Marc Riboud travaille en URSS, photographie l'Afrique et l'Algérie indépendantes. En 1968-1969, il est au Vietnam avant de couvrir la guerre du Bangladesh en 1971. Ses voyages le mènent de nouveau en Chine où il se rendra régulièrement, notamment en 2010 pour une rétrospective de ses oeuvres à Pékin et à Shanghai.
Prix Nadar en 2012
Lauréat de nombreux prix, dont le prix Nadar en 2012 pour son livre "Vers L'Orient", Marc Riboud a publié dans des grands magazines, dont Life, Paris Match, Stern, Geo et Le Nouvel Observateur. Il a publié de nombreux livres, dont "Huang Shan, les montagnes célestes", "Demain Shanghai", "Algérie / Indépendance", "L'instinct de l'instant" et "Les Tibétains".Il était le frère du fondateur de Danone, Antoine Riboud, et de l'industriel Jean Riboud.
Le festival de photojournalisme "Visa pour l'image", à Perpignan, expose en ce moment ses photos de Cuba en 1963.
Jean-François Leroy : "C'était un grand bonhomme"
"Marc était le photographe qui a fait le plus de photos historiques dans sa vie. C'était un grand humaniste et un grand bonhomme, un très très grand monsieur", a-t-il estimé. "Beaucoup de photographes se sont inspirés de lui sans jamais l'égaler", a déclaré le directeur de Visa pour l'Image, Jean-François Leroy."Avec cette exposition, il est toujours vivant. On savait qu'il était très malade, il n'a pas pu venir à Visa. Je suis sous le choc", a ajouté Jean-François Leroy, annonçant qu'un hommage lui sera rendu en soirée.
"Marc Riboud était un immense photographe, poète et humaniste, qu'on a du mal à comparer, avec une signature bien à lui : un respect et un amour des gens, engagé auprès d'eux pour témoigner de leur quotidien et de leurs souffrances partout dans le monde", a dit à l'AFP le directeur de la revue Polka, Alain Genestar. "Cet engagement remonte à la Résistance. Des décennies plus tard, Marc Riboud a d'ailleurs couvert le procès Barbie."
"Marc était le trait d'union entre deux styles, le photographe humaniste et le photojournaliste pur et dur. Ses photos apparemment anecdotiques sont devenues éternelles comme 'Le peintre de la Tour Eiffel' ou 'La Fille à la fleur', cette image incroyable d'une formidable poésie contre la guerre du Vietnam. Toute son humanité se retrouve dans ce cliché", a souligné Alain Genestar.
"Marc était le trait d'union entre deux styles, le photographe humaniste et le photojournaliste pur et dur. Ses photos apparemment anecdotiques sont devenues éternelles comme 'Le peintre de la Tour Eiffel' ou 'La Fille à la fleur', cette image incroyable d'une formidable poésie contre la guerre du Vietnam. Toute son humanité se retrouve dans ce cliché", a souligné Alain Genestar.
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