Décès de Horacio Coppola, un grand photographe argentin
C’est un « symbole de la photographie argentine contemporaine » qui a disparu, selon le quotidien argentin « La Nacion », qui dit "adieu aux yeux du XXe siècle".
Né en 1906 à Buenos Aires dans une famille cultivée, éprise de musique, de littérature et de philosophie, Horacio Coppola se fait remarquer dès l'âge de 21 ans avec une série de photos sur Buenos Aires qui va illustrer ensuite la première édition de l'ouvrage "Evaristo Carriego" de Jorge Luis Borges.
Il fonde le premier ciné-club de la capitale argentine en 1929 avant de gagner l’Europe où il prend des cours au Bauhaus. C’est là qu’il rencontre sa première épouse, la célèbre photographe Grete Stern.
Il réalise à Berlin le film « Traum » (« Rêve ») en 1933 avec Walter Auerbach, puis quitte l’Europe nazie et séjourne deux ans à Londres, où il tourne en 16 mm « Un dimanche à Hampstead Heath », et à Paris, où il réalise des portraits devenus classiques de Marc Chagall et Joan Miro.
"Buenos Aires 1936", un classique de la photo argentine
Il retourne à Buenos Aires où il fera partie avec Grete Stern, Annemarie Heinrich, également née en Allemagne, Anatole Saderman, né en Russie, et Juan di Sandro, né en Italie, du cercle restreint des grands photographes argentins de l'avant-guerre. Il acquiert un Leica dont il ne se séparera plus, et se fait rapidement un nom avec le livre "Buenos Aires 1936".
Dans un noir et blanc sompteux, Horacio Coppola appréhende sa ville sous des angles imprévus, jouant avec les lignes, les ombres et les ambiances nocturnes.
Oublié dans les années 1970, il a été redécouvert à partir des années 1980 notamment grâce au galeriste de Buenos Aires Jorge Mara. Le Musée d'art latino-américain de Buenos Aires (Malba) a organisé une rétrospective de son oeuvre des années 20, 30 et 40 en 2006.
Horacio Coppola a terminé sa vie en écoutant de la musique
Le responsable de la photo à « La Nacion », Daniel Merle, raconte une visite, il y a trois ans, au vieux photographe en compagnie du photographe anglais Martin Parr, qui souhaitait le rencontrer. « Tandis que nous prenions le thé, Horacio a feuilleté ses albums de photos et il les regardait comme si c’était la première fois », raconte-t-il.
Horacio Coppola a passé ses derniers jours à écouter Mozart et Beethoven, rapporte le journal argentin « El Tribuno (Salta) », pour qui il fut "un des génies de l'art argentin du XXe siècle". Il allait fêter ses 106 ans le 31 juillet.
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