Cet article date de plus de huit ans.
Daido Moriyama : les errances urbaines d'un grand photographe
Le photographe japonais Daido Moriyama a beau avoir publié des centaines de livres et fait des dizaines d'expositions, il se sent "toujours une sorte de hors-la-loi à prendre mes photographies comme ça dans la rue". Interview à l'occasion de son passage à Paris pour une exposition de ses sérigraphies sur toile à la galerie Polka dans le Marais (Paris, jusqu'au 12 janvier).
Publié
Temps de lecture : 3min
Les cadrages sauvages d'un "chien errant" autoproclamé
A 74 ans, le grand photographe japonais Daido Moriyama poursuit ses déambulations dans Tokyo et les métropoles du monde
A 74 ans, le grand photographe japonais Daido Moriyama poursuit ses déambulations dans Tokyo et les métropoles du monde
pour saisir la vie à la volée: "Je bats le bitume comme un chien errant", explique-t-il dans un entretien à l'AFP.
Ses images en noir et blanc sont fortement contrastées, pleines de grain. Le photographe aime le flou, les flux, les gros plans, les cadrages sauvages. Il arpente les rues avec son appareil compact, déclenchant de façon compulsive, souvent sans regarder le viseur.
"La photographie est née en France. Paris est une ville dédiée à la photographie", déclare Daido Moriyama qui a vécu rive gauche en 1988 et 1989. Il y était venu avec le projet de créer une galerie personnelle qui n'a pas abouti. Mais il a photographié la capitale, un peu à la manière d'Eugène Atget (1857-1927) dont le travail l'inspire. "Etre là où ça vit, où ça grouille"
Le territoire de prédilection de Moriyama reste Tokyo, et plus particulièrement le quartier très animé de Shinjuku, auquel il a consacré plusieurs livres. Mais finalement, "qu'on soit à New York, Tokyo ou Paris, peu importe. C'est moins un lieu précis que l'urbain que je recherche. Je veux être là où il y a du monde, de la foule, là où ça vit, où ça grouille". "J'appuie instinctivement sur le déclencheur. C'est une réaction physique".
Ses images en noir et blanc sont fortement contrastées, pleines de grain. Le photographe aime le flou, les flux, les gros plans, les cadrages sauvages. Il arpente les rues avec son appareil compact, déclenchant de façon compulsive, souvent sans regarder le viseur.
"La photographie est née en France. Paris est une ville dédiée à la photographie", déclare Daido Moriyama qui a vécu rive gauche en 1988 et 1989. Il y était venu avec le projet de créer une galerie personnelle qui n'a pas abouti. Mais il a photographié la capitale, un peu à la manière d'Eugène Atget (1857-1927) dont le travail l'inspire. "Etre là où ça vit, où ça grouille"
Le territoire de prédilection de Moriyama reste Tokyo, et plus particulièrement le quartier très animé de Shinjuku, auquel il a consacré plusieurs livres. Mais finalement, "qu'on soit à New York, Tokyo ou Paris, peu importe. C'est moins un lieu précis que l'urbain que je recherche. Je veux être là où il y a du monde, de la foule, là où ça vit, où ça grouille". "J'appuie instinctivement sur le déclencheur. C'est une réaction physique".
Moriyama, qui a publié "Mémoires d'un chien" en 2004, aime les animaux errants, chiens et chats, qui sont "un peu hors-la-loi". "C'est comme cela que je travaille". "Cela devient d'ailleurs de plus en plus difficile de faire des instantanés montrant des quais de gare, des plages, des enfants". "Je le fais quand même. Je suis libre".
Fondateur de la revue "Provoke"
Influencé par le photographe franco-américain William Klein, Daido Moriyama est l'un des fondateurs de la revue "Provoke" (1968-1970) qui a oeuvré à la redéfinition du langage photographique au début des années 1970. L'image devait être le seul moyen d'expression (légendes et textes exclus) et toute démarche esthétique était bannie.
La revue a disparu au bout de quelques numéros. "Mais au fond de moi, je pense que je continue +Provoke+", déclare Moriyama. Un de ses livres majeurs s'intitule "Farewell Photography" (1972), un "au revoir" à la photographie académique. La sérigraphie "comme une renaissance de la photographie"
Fan d'Andy Warhol, Moriyama produit comme lui des sérigraphies. Mais, timide, il n'a pas rencontré le plasticien lorsqu'il était à New York au début des années 1970. "Mon coeur battait tellement que je n'ai pas osé l'approcher". Moriyama aime le côté matériel de la sérigraphie, "comme une renaissance de la photographie".
Chasseur solitaire, Moriyama apprécie de rencontrer par moment son public. Chez Polka samedi, il organisait avec la famille Genestar un atelier de sérigraphie, sur fond de musique rock. "On s'amuse ensemble".
Exposé en ce moment à la Tate Modern de Londres avec William Klein, Daido Moriyama rêve de refaire un grand tour du Japon comme au début des années 1970. Mais il ne sera pas disponible avant trois ans.
Cycle Daido Moriyama
Galerie Polka
Jusqu'au 12 janvier 2013
12 rue Saint Gilles 75003 Paris
du mardi au samedi 11h à 19h30
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.