Aris Messinis reçoit le Visa d'or News pour son travail sur les migrants
"J'ai documenté leur lutte pour une vie meilleure", a déclaré Aris Messinis en recevant le prix samedi soir à Perpignan, lors de la soirée de clôture de la semaine professionnelle de Visa pour l'image.
L'Agence France-Presse remporte pour la seconde année consécutive la plus prestigieuse récompense du festival, rendez-vous majeur du photojournalisme.
L'an dernier, Bulent Kiliç, de nationalité turque, responsable de la couverture photo du bureau de l'AFP en Turquie, avait reçu le même prix pour ses images sur le passage de réfugiés à la frontière turco-syrienne en juin 2014.
Des photos bouleversantes, au plus près de l'action
"Notre photographe Aris Messinis a réalisé un travail remarquable sur les migrants avec cette série forte, émouvante et dérangeante", s'est félicité le PDG de l'Agence, Emmanuel Hoog, dans un communiqué. "Ce Visa d'or vient aussi récompenser l'ensemble des équipes de l'AFP qui rendent compte partout en Europe et Moyen-Orient de la crise des migrants", a-t-il ajouté.Ses photos, bouleversantes et prises au plus près de l'action, ont fait le tour du monde. Elles montrent des gilets de sauvetage et des débris de bateaux au pied d'une falaise, des hommes criant leur joie d'être arrivés, des opérations de sauvetage.
Responsable de la photo au bureau de l'AFP à Athènes, Aris Messinis, âgé de 39 ans et fils d'un photoreporter, travaille pour l'Agence depuis 2003.
Des émotions "dignes d'une scène de guerre", dit le photographe
Le conflit libyen, et notamment la bataille de Syrte, a été en 2011 son première théâtre de guerre. Il s'est fait très vite remarquer par son talent et son courage. Pour cette couverture, il a reçu en 2012 le trophée photo du prix Bayeux-Calvados des correspondants de guerre. Il a couvert ensuite la guerre en Syrie et, toujours, l'actualité grecque.Puis, à l'été 2015, Lesbos devient l'épicentre de la crise des migrants. Des milliers de réfugiés de Syrie, d'Irak et d'Afghanistan embarquent depuis les côtes turques sur des canots pneumatiques pour tenter de rejoindre l'île, porte d'entrée de l'Europe.
"Ce qui me choque le plus dans cette couverture, c'est de me dire qu'on n'est pas en zone de guerre. Qu'on travaille en zone de paix. Mais les émotions qui passent par mon objectif sont dignes d'une scène de guerre", écrit Aris Messinis dans un article publié par le blog de l'AFP "Making Of".
"Souvent, je lâche le boitier et j'aide, c'est un besoin"
"C'est dur aussi d'avoir à traduire les difficultés des gens, leur souffrance, alors qu'on ne court soi-même aucun danger. Quand on couvre une guerre, on est menacé aussi, alors on est d'une certaine façon davantage sur un pied d'égalité avec les gens qu'on photographie", ajoute-t-il dans le même article. "Mais ici, on ne risque rien. C'est pourquoi, souvent, je lâche le boîtier et j'aide. C'est un besoin", a-t-il souligné.De nombreux prix ont été remis lors du festival, qui se poursuit pour le grand public jusqu'au 11 septembre, dont le Visa d'or "Magazine" à Peter Bauza pour son reportage sur un complexe immobilier de Rio surnommé Copacabana Palace, dont certains bâtiment inachevés sont occupés par des sans-abris.
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