À La Rochelle, l’exposition photo Résistances birmanes témoigne de la répression de la junte militaire
Depuis le 1er février 2021, date à laquelle les militaires ont pris le pouvoir, la Birmanie est sous le coup d’une énième dictature. Dans un pays coupé du monde, les témoignages racontant ce que vivent les opposants au régime sont rares. L’exposition Résistances birmanes est une exception.
France 3 Poitou Charentes : C. Fouchard / C. Nicolas / M. Reiler
Des manifestants torturés et tués
Mayco Naing est une figure de la photographie asiatique. Birmane, elle a immortalisé les manifestations après le renversement par l'armée du gouvernement de Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix en 1991. La fin d’une démocratie éphémère dans ce pays d’Asie du Sud-Est à l’histoire mouvementée. Face au retour des militaires au pouvoir, les Birmans sont massivement descendus dans la rue. Parfois au péril de sa vie, Mayco Naing a réalisé plus d’une centaine de portraits de ces manifestants. "Ils sont tellement en colère. Vous pouvez voir la tristesse et le désespoir sur leur visage" raconte-t-elle. A Yangon, la plus grande ville de Birmanie, on peut voir, sur les clichés de Mayco Naing, que les opposants érigent des barricades. Ils se protègent des militaires, comme ils peuvent, avec des sacs de sable, des poubelles et même des véhicules. "L’armée arrive avec les chars pour arrêter les gens" explique la photographe. "Nous devons en parler pour montrer ce qu’ils ont fait à la population. Voilà ce qui s’est passé en 2021, voilà ce que l’armée a fait aux siens, à son propre peuple. Elle les a torturés, arrêtés, tués" dénonce la photographe.
Un pays réduit au silence
Aux photographies de Mayco Naing s’ajoutent celles d’une autre artiste, restée anonyme pour d'évidentes raisons de sécurité. Toujours en Birmanie, contrairement à Mayco Naing qui réside désormais en France, cette photographe locale tente, tant bien que mal, de continuer à témoigner malgré les risques encourus. Ses clichés intitulés Losing identity présentent des personnages dont les visages sont recouverts de rouge. Un choix symbolique pour un acte de résistance. "Quand le coup d’Etat s’est produit une nouvelle fois en Birmanie, j’ai eu l’impression d’un énorme retour en arrière. Ce rouge représente la censure du gouvernement" explique-t-elle dans une interview, le visage flouté. Des images fortes pour ne pas oublier que ce pays est réduit au silence, la contestation muselée avec brutalité.
Exposition Résistances birmanes, à l'espace culturel Carré Amelot, 10 bis rue Amelot à La Rochelle, jusqu'au 25 février 2023
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