Un tableau de Nicolas Tournier disparu pendant deux siècles à nouveau exposé à Toulouse
"Nos réserves étaient des passoires"
À l'origine, le tableau faisait partie d'un ensemble de trois peintures de l'église des Pénitents noirs, à Toulouse. Saisi à la Révolution, il avait été déposé au monastère des Augustins, transformé en musée en 1793. "Il apparaît dans les inventaires en 1797, 1805, 1806, 1813, 1818, 1828, et après il disparaît", énumère Axel Hemery, directeur du musée. "La piste la plus sérieuse, c'est des dépôts dans des églises" mais le tableau n'a été retrouvé sur aucune liste, précise-t-il. "Je pense aussi que nos réserves étaient des passoires à l'époque" donc "beaucoup des choses ont pu se passer", ajoute-t-il.Les règles françaises protectrices des biens culturels peuvent être efficaces.
Pierre Espuglas-Labatut, adjoint à la ville de Toulouse en charge des musées et de l'art contemporain
En 2009, l'oeuvre était réapparue en Italie, sans être attribuée, à l'occasion de la dispersion de la succession d'un riche antiquaire florentin. Elle avait ensuite été acquise par la galerie britannique Weiss, qui avait proposé de la vendre au musée toulousain. "Le montant était relativement important, et surtout il y avait une véritable gêne voire une impossibilité à acheter une oeuvre qui appartenait à la Nation. Du coup, ce n'est pas allé plus loin", a expliqué M. Hémery. Après l'intervention de l'État en 2011, la galerie Weiss l'avait finalement remis volontairement à la France. Cette "histoire rocambolesque" montre "à quel point les règles françaises protectrices des biens culturels peuvent fonctionner, être efficaces", a dit Pierre Esplugas-Labatut, adjoint à la ville de Toulouse en charge des musées et de l'art contemporain.
Oeuvre découpée et réduite
Six ans de restauration et d'authentification plus tard, il a été accroché aux côtés du "Christ porté au tombeau", deuxième tableau du trio originel. Ce qui met en évidence que l'oeuvre a été découpée et réduite d'environ 1m, probablement pour être vendue plus facilement. "La Crucifixion", la dernière et la plus grande des trois toiles, n'est jamais entrée à l'inventaire du musée, précise M. Hémery. "Est-ce qu'elle a été aliénée avant ? Est-ce qu'elle est dans un couvent ?", demande-t-il. "Je ne pense pas que vu ce format, on la retrouve en France en tout cas". L'oeuvre est accrochée à côté d'un autre tableau de Tournier, peint pour la cathédrale Saint-Étienne de Toulouse, et en face d'un ensemble de pièces de la Renaissance italienne, de Giovanni di Francesco, le Pérugin et Marco Basaiti.
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