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Un tableau de jeunesse de Dali authentifié

Une peinture à l'huile vendue dans un magasin d'antiquités espagnol il y a plus de vingt ans, pour environ 150 euros, a été authentifiée comme la première oeuvre surréaliste de Salvador Dali, réalisée alors qu'il avait 17 ans, ont affirmé jeudi des experts à Madrid.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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De gauche à droite, l'artiste espagnol Tomeu Lamo, l'experte en art Carmen Sandalinas Linares, le spécialiste français de Dali Nicolas Descharnes et l'expert espagnol en art José Pedro Venzal Placido présentent le tableau "La naissance intrautérine de Salvador Dali", le 22 mai 2014 à Madrid
 (Gérard Julien / AFP)
Tomeu L'Amo, peintre et historien de l'art, a découvert la toile dans un magasin de Gérone, dans le nord-est de l'Espagne, en 1988, et, pensant qu'il pouvait s'agir d'une oeuvre du maître catalan, l'a achetée pour 25.000 pesetas, la monnaie de l'époque.

"J'étais très content. Je me sentais comme un enfant dans un magasin de bonbons", a-t-il raconté devant la presse, en présentant cette découverte. "Quand j'ai vu les couleurs, j'ai pensé que ce pouvait être un Dali, mais je n'avais aucune preuve. J'ai enquêté et peu à peu, j'ai compris que c'était un Dali."

Dali aurait faussé les pistes
"La naissance intrautérine de Salvador Dali", qui montre des anges flottant dans le ciel au-dessus d'un volcan, porte la signature du peintre espagnol sous une courte dédicace. Le tableau a longtemps été considéré comme l'oeuvre d'un artiste inconnu, parce qu'il est daté de 1896, huit ans avant la naissance de Dali.
"La naissance intrautérine de Salvador Dali"
Après l'avoir soumis à des examens poussés, y compris une photo infrarouge, des rayons X et ultraviolets, entre 2004 et 2013, des experts ont conclu qu'il a bien été peint vers 1921 par Dali, alors âgé de 17 ans. Ces examens ont révélé que la toile avait été dessinée au stylo bleu et noir avant d'être peinte à grands traits, a expliqué Carmen Linares, chef du département de conservation du Frederic Mares Musem de Barcelone.

"La photo infrarouge a permis de voir plus nettement les lignes noires et de confirmer l'utilisation de cette technique, à laquelle l'artiste a eu recours pour d'autres oeuvres", a ajouté cette experte.

Une analyse graphologique a conclu que l'écriture utilisée pour la dédicace en dix mots, inscrite en bas à droite du tableau, correspond à celle de Dali à cette époque, a expliqué Jose Pedro Venzal, un expert en graphologie qui a collaboré avec Interpol. "Des échantillons d'écriture de la dédicace et de la signature coïncident avec l'écriture de Dali dans les années 1920."

La dédicace, écrite en catalan, contient aussi une faute d'orthographe que Dali avait l'habitude de faire et qui a été corrigée de manière à devenir invisible à l'oeil nu, a ajouté Jose Pedro Venzal.

"Dali doit rire dans sa tombe"
Les experts considèrent également comme une preuve une phrase prêtée à Dali : "Très jeune, j'ai réalisé une oeuvre sur les anges." Selon Tomeu L'Amo, Dali, connu pour son goût de la provocation et de la mystification, a utilisé un code numérologique pour masquer la date. "Dali doit rire dans sa tombe en pensant qu'il a réussi à tromper tant de monde pendant aussi longtemps."

L'acquéreur a finalement vendu le tableau ce mois-ci à un collectionneur resté anonyme.

"La première oeuvre surréaliste de Dali"
"Le tableau peut être considéré comme la première oeuvre surréaliste de Dali", a souligné Nicolas Descharnes, un expert spécialiste du peintre, qui a étudié le tableau. Alors que le mouvement surréaliste n'a été fondé formellement qu'en 1924 par le poète français André Breton, le terme existait déjà à l'époque où Dali a peint ce tableau, a ajouté cet expert.

Salvador Dali est mort d'une crise cardiaque à Figueras, en Catalogne, le 23 janvier 1989, à l'âge de 85 ans. Il reste un peintre controversé, adulé pour son génie créatif mais considéré par certains comme un produit mercantile habitué des canulars, n'hésitant pas à s'enterrer sous des billets de banque ou à signer des livres avec des électrodes branchées sur le crâne.

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