Un Fra Angelico adjugé 445.000 aux enchères à Marseille
"Il s'agit d'une vente vraiment exceptionnelle, c'est la première fois qu'une oeuvre de Fra Angelico est vendue en France", avait expliqué le commissaire-priseur en charge de la vente, Damien Leclère, qui évoque un "tableau unique, merveilleux, très riche".
Selon la volonté des propriétaires, il n'a jamais été prêté, et ce alors que Fra Angelico (1400-1455), précurseur en terme de perspective, de représentation des paysages et des personnages, a toujours été un peintre "très aimé et emportant l'adhésion de tous". L'oeuvre, qui a obtenu son bon de sortie du territoire car elle n'a pas été classée "trésor national" selon M. Leclère, avait été estimée entre 200.000 à 400.000 euros, une évaluation basse.
C'est la pièce centrale d'une Thébaîde
Ce panneau, identifié par Michel Laclotte, grand spécialiste de la peinture italienne des XIVe et XVe siècles et ancien directeur du Louvre, est la pièce centrale d'une Thébaïde en 6 éléments, une composition sans doute morcelée à la fin du XVIIIe avant d'être vendue par petits bouts. Seuls 4 panneaux conservés dans différents musées, entourant cette composition centrale et représentant des saints, avaient été reconnus comme étant de la main du frère dominicain. Le 6me tableau reste introuvable.
Provenant peut-être du couvent des pères Camaldules, Santa Maria degli Angeli de Florence, selon M. Laclotte, le panneau, mesurant 27,5 x 38,5 cm, dépeint des scènes de la vie des premiers pères dans le désert. "Il s'agit d'une invitation à une sorte de retour aux sources, vers les origines, vers ces pères qui vivaient dans le désert de Thèbes (Egypte) aux premières heures du christianisme", explique Damien Leclère.
Poésie dans la composition, sens infini du détail, souci des personnages, couleurs vives... Le tableau est daté vers 1430. On y voit des moines en prière, au potager, ainsi qu'une scène allégorique, en bas à droite, dite des "trois morts et des trois vifs" - des cavaliers regardant des cadavres dans leurs cercueils - qui "souligne la vanité des hommes", selon M. Leclère. Ce tableau "renouvelle l'iconographie de la Thébaïde en s'inscrivant à la fois dans les innovations picturales de la première Renaissance florentine et dans le mouvement de renouveau des ordres religieux et monastiques du début du XVe siècle", selon l'étude Leclère.
Thème populaire dans la Toscane des débuts de la Renaissance, les Thébaïdes, qui occupaient des places de choix dans les salles communes des monastères, avaient pour fonction d'illustrer la vie érémitique, d'encourager les vocations et de promouvoir la vie monacale.
Vente le samedi 27 octobre à 15h. 5, rue Vincent Courdouan. 13006 Marseille
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