"Tal Coat en devenir" : l'hommage de Pont-Aven à un artiste majeur et méconnu
Pour le peintre breton Tal Coat, c'est un retour à la maison, là où tout a commencé. "Tal Coat est un artiste qui a énormément compté et qui compte toujours énormément aujourd'hui, mais qui reste peu connu du grand public", note Estelle Guille des Buttes-Fresneau, conservatrice en chef du musée finistérien consacré à Paul Gauguin et ses disciples, qui séjournèrent dans la petite cité à partir des années 1860. Tal Coat est ainsi l'un des rares artistes à avoir été exposé au Grand Palais de son vivant, en 1976.
Prolifique et inclassable
Au total, 70 oeuvres, certaines inédites, sont présentées jusqu'au 10 juin. Elles proviennent de collections publiques et privées, ainsi que du fonds conservé par le conseil départemental du Morbihan au château de Kerguéhennec. Le site, qui abrite 1.200 oeuvres de Tal Coat, est le seul dédié à cet artiste prolifique et inclassable, présent dans de grandes collections comme le centre Georges Pompidou à Paris, la Fondation Maeght à Saint-Paul de Vence, le musée des Beaux-Arts à Bruxelles ou la Fondation Guggenheim à New-York. "Ce qui est absolument formidable dans cette grande rétrospective c'est que ce jeune garçon qui quitte la Bretagne très tôt et qui est issu d'un milieu très modeste et même très pauvre de marins pécheurs va rencontrer dans sa vie absolument tous les grands intellectuels et artistes du 20e siècle, de Giacometti à Picasso, en passant par Beckett", souligne Olivier Delavallade, directeur du domaine de Kerguéhennec, persuadé que l'exposition "exhumera vraiment sa peinture".Reportage France 3 Iroise : A. Conanec / C. Polet / S. Secret / O. Melinand
Né en 1905 à Clohars-Carnoët (Finistère), Tal Coat rejoint très vite Paris, où il fréquente des personnalités comme Gertrude Stein, Hemingway, Giacometti, Picabia, Balthus ou Antonin Artaud. Il part ensuite pour le Midi avant de s'installer en 1960 en Normandie, dans une chartreuse où il installe un grand atelier.
L'influence de Cézanne et Picasso
Il travaille sur la monochromie, la matière, les pigments, la surface, se rapproche des lignes de l'art pariétal, du minéral, du végétal et s'écarte de l'esthétique appréciée des galeristes - "je n'ai de spectacle à offrir, ni un ajustement au goût du jour", écrit-il en 1973. Il meurt le 11 juin 1985 à 80 ans. "Dans les dernières années, parce qu'il a fait un art qui était plus déconcertant, il a été un peu abandonné, mais aujourd'hui il est vraiment en train de revenir très fort sur le devant de la scène", assure Olivier Delavallade.Le titre de l'exposition représente "toute une symbolique très importante", assure Pierrette de Molon, la fille de l'artiste lors d'une brève prise de parole à l'occasion d'une visite. L'oeuvre de Tal Coat "est en devenir encore aujourd'hui, c'est une oeuvre qui grandit tout le temps et qui nous grandit en même temps qu'elle grandit", explique Olivier Delavallade.
L'exposition retrace les différentes périodes de création, à commencer par ses années de formation où les compositions, plutôt figuratives, témoignent d'une progressive maturation. La série des Massacres, en 1936, est inspirée par la guerre d'Espagne, la période à Aix-en-Provence est marquée par l'influence palpable de Cézanne ou de Picasso, l'après-Guerre constitue un tournant, 1950/1970 sont les années de la reconnaissance, tandis que la période 1970/1985 est celle du plein accomplissement.
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