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Tableaux spoliés à des Juifs : Filippetti veut une "démarche proactive"

La France rend mardi à deux familles juives 7 tableaux anciens spoliés lors de la Seconde Guerre mondiale mais il reste encore dans les musées 2.000 oeuvres d'art sans propriétaires identifiés. La ministre Aurélie Filippetti a déclaré lundi vouloir mettre en place une "démarche proactive" pour retrouver les propriétaires d'objets d'arts spoliés.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Cette représentation de Saint-François de Paul est l'une des sept toiles qui vont être restituées
 (France 2/Culturebox)

Les descendants du collectionneur juif autrichien Richard Neumann, amateur de peinture italienne du 18e siècle et du collectionneur juif pragois Josef Wiener vont donc retrouver ces 7 tableaux.

Dotées du statut de Musées Nationaux Récupération depuis 1949, ces oeuvres sont sous la garde de l'Etat français mais ne font pas partie de ses collections. Elles sont conservées dans les musées, qui doivent les signaler et les montrer au public, en attendant leur réclamation.

Des peintures classiques, hollandaises, italiennes ou allemandes
Six toiles de peintres italiens et allemand du XVIIIè siècle qui appartenaient au Viennois Richard Neumann vont être restituées à Thomas Selldorff, petit-fils de M. Neumann. Les Nazis avaient récupéré ces oeuvres pour les envoyer au musée qu'Adolf Hitler voulait ouvrir à Linz, sa ville natale. L'industriel avait fui l'Autriche lors de son annexion par l'Allemagne en 1938. Il avait emporté avec lui à Paris une partie de ses tableaux mais avait dû les brader en 1941 pour payer des passeurs et gagner Cuba.

Il s'agit d'un Gaspare Diziani (musée d'Agen), d'un Salvator Francesco Fontebasso (Louvre), d'un Alessandro Longhi (Louvre), d'un Sebastiano Ricci (musée de Saint-Etienne), d'un Gaetano Gandolfi (Louvre). A ces maîtres italiens, s'ajoute une "Apothéose de Saint Jean Népomucène" du peintre allemand François-Charles Palko (musée de Tours). "La Halte" de Pieter-Jansz van Asch (1603-1678), une peinture hollandaise, avait, quant à elle, été confisquée par les Nazis à un banquier praguois Josef Wiener, mort en déportation.

A la fin de la guerre, lorsque les Alliés ont récupéré en Allemagne les oeuvres d'art spoliées par les Nazis, ils se sont attachés à les renvoyer dans leur pays d'origine. La toile de van Asch s'est retrouvée par erreur en France.

Aurélie Filippetti veut une "démarche proactive"
Cette démarche vise à retrouver les propriétaires d'objets d'arts spoliés pendant la Seconde guerre mondiale, a expliqué lundi la ministre de la Culture dans un entretien au Figaro. Jusque-là, on attendait les demandes des ayants droit ou des descendants pour démarrer des procédures de recherche", a expliqué Aurélie Filippetti. "Je veux engager une démarche proactive dans laquelle la France va engager des moyens pour rechercher les propriétaires, qu'il y ait ou non une demande formelle" avant d’ajouter : "Pour la France", c'est une question morale autant que scientifique".
Aurélie Filippetti
 (Jean-Christophe Verhaegen/AFP)
Un groupe de travail pour accélérer les restitutions
Ce groupe de travail devra faire un premier point d'étape fin 2013 et rendre un rapport définitif en 2014. Aurélie Filippetti espère trouver une solution au moins pour 163 tableaux  "clairement identifiés dans des bases de données et entreposées dans des musées."
 
"En attendant, tous les Musées Nationaux Récupération, oeuvres d'art issues de la spoliation ou de la vente forcée de biens, appartenant souvent à des juifs exposés dans les musées devront comporter un cartel d'explication", assure la ministre de la Culture. Quant aux maisons de vente, elles devront respecter le processus de restitution. "S'il y avait un cas litigieux, je m'engagerais à tout faire pour qu'il soit réglé", avertit Mme Filippetti.

100.000 oeuvres spoliées, 45.000 restituées
100.000 oeuvres de toutes catégories - tableaux , objets d'arts, meubles, tapisseries... - ont été spoliées en France pendant la Seconde guerre mondiale, soit par pillage, soit par vente forcée, souvent à leurs propriétaires juifs. 60.000 ont été rapatriées à l'issue du conflit et 45.000 restituées entre 1945 et la fin des années 1950. 13.000 de moindre valeur ont été vendues, les fonds étant reversés à la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.
 
L'Etat français est le gardien, et non le propriétaire, des 2.000 oeuvres restantes dont la liste peut être consultée sur le site internet du ministère de la Culture.

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