Rétrospective Truphémus : 70 ans d'"Intimité révélée" à la propriété Caillebotte
A 94 ans, le peintre lyonnais Jacques Truphémus fait l'objet, pour la première fois, d'une rétrospective en dehors de sa région. Le musée de Yerres, dans l'Essonne, lui consacre une exposition, intitulée "L'intimité révélée". L'installation des oeuvres avait lieu en présence de l'artiste très émus de revoir des oeuvres qu'il avait presque oubliées.
Reportage : S. Adam / V. Benais / L. Perimony / W. Vadon
Formé à l'Ecole des Beaux-Arts de Lyon de 1942 à 1945, Jacques Truphémus reste méconnu du grand public. Pourtant, Balthus disait de lui qu'il était l'un des plus grands peintres français. Il lui a même écrit son admiration dans une lettre, en 1986 : "Vous appartenez à une espèce en voie de disparition ! Vous voyez en peintre. Et vous vivez à travers votre peinture. Vous appartenez à la lignée de Morandi et certains de vos paysages me font penser à Giacometti - tout en étant essentiellement Truphémus - c'est-à-dire unique. Sachez tout de même que je vous suis reconnaissant d'être vous". Quel bel hommage !
Malgré une riche et longue carrière, l'artiste fait toujours preuve d'une grande simplicité et humilité. A l'évocation de la rétrospective que la propriété Caillebotte va lui consacrer, il s'émeut : " ça remue beaucoup de souvenirs. C'est vrai que c'est l'occasion de prendre conscience du parcours que j'ai pu faire". En feuilletant le futur catalogue de l'exposition, Jacques Truphémus paraît même étonné d'avoir peint autant de toiles !
Sur les 60 tableaux qui seront exposés à Yerres, certains viennent directement de son atelier des quais de Saône, à Lyon. Au moment où ils doivent partir, l'artiste a un pincement au coeur : "Je reste très longtemps avec toutes mes toiles sous les yeux" confie-t-il dans un sourire. "Comme ça, tant qu'elles sont là, j'ai toujours l'impression que je peux encore intervenir. Et puis quand elles partent, je me sens libéré !"
Reportage : S. Adam /V. Benais / Q. Bartoli / AS. Saboureau
Le peintre de l'intime
L'exposition sera divisée en plusieurs salles thématiques pour révéler la diversité de l'oeuvre de Truphémus, le "peintre de l'intime" : les autoportraits, les scènes lyonnaises (quais de Saône, cafés), les paysages des Cévennes où le peintre passe tous ses étés, les natures mortes, les nouveautés ou encore les portraits de sa femme Aimée, disparue en 2000, avec qui il a vécu un demi-siècle.
On a dit que la peinture de Jacques Truphémus l'apparentait à Bonnard et aux peintres de l'école de Paris, à cette grande tradition de la peinture française, faite de petits riens qui expriment une aspiration au bonheur, mais à bien regarder ses tableaux, on ressent qu'avec des moyens qui n'appartiennent qu'à lui, il excelle à rendre notre monde poétique.
Pierre Nicolas Sainte Fare Garnot, commissaire de l'exposition
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