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Pierre Soulages inaugure son musée à Rodez vendredi

Pierre Soulages, le peintre du noir, inaugure vendredi 30 mai dans sa ville natale de Rodez le premier musée à son nom, auquel il a fait don de 250 de ses œuvres abstraites, qui sont parmi les plus chères du monde. Pour son ouverture, le musée Soulages exposera ses "Outrenoirs".
Article rédigé par franceinfo - Valérie Oddos (avec AFP)
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Publié Mis à jour
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Le musée Soulages à Rodez sera inauguré le 30 mai 2014
 (photothèque du Grand Rodez, photo Cédric Méravilles)

Pierre Soulages, 94 ans, grand homme de 1m90 toujours vêtu de noir, est le peintre des superlatifs : "Sans aucun doute l'une des plus grandes figures de l'abstraction tant en France qu'à l'étranger", assure la direction du musée.
 
La rétrospective que lui a consacrée le Centre Pompidou en 2010 avait enregistré un demi-million d'entrées. Une de ses toiles noires de 1959 a été vendue plus de cinq millions d'euros l'an dernier à Londres.
 
Le nouveau musée espère accueillir 150.000 visiteurs par an et la communauté et d'agglomération du Grand Rodez compte dessus pour attirer les touristes.

Pierre Soulages visite son musée à Rodez
 (photothèque Grand Rodez)
 
Soulages : l'art donne un sens à ma vie
Mais "le point de vue économique, ce n'est pas mon affaire !", lance le peintre avant l'inauguration. "Ce que je sais, c'est ce que les musées m'ont apporté et comment l'art donne un sens à la vie, pas seulement à la mienne mais à ceux qui regardent", dit-il, jamais très loin de sa femme Colette, rencontrée il y a 76 ans aux Beaux-Arts de Montpellier.
 
Quand les flashs crépitent, le peintre protège par des lunettes noires son "mal aux yeux" mais en impose par son charisme, son verbe élégant et une mémoire intacte.
 
Depuis 70 ans, il dit avoir connu "quelques milliers d'expositions" de ses oeuvres dont "plusieurs centaines dans les grands musées du monde". Et ce printemps il a préféré superviser, avec un soin maniaque, l'accrochage de ses toiles à Rodez plutôt que d'honorer l'invitation d'Américains qui lui proposaient d'aller "en avion privé, à New York", pour une exposition Soulages sur Madison Avenue.
Soulages dans son atelier en 1968
 (Fritz Pitz)
 
Un parcours marqué par la rencontre des artisans de l'Aveyron
Le conservateur du nouveau musée, Benoît Decron, regrette de "n'avoir jamais vu Soulages  en train de peindre", en silence, ses toiles posées à terre dans ses ateliers de Paris et de Sète (Hérault). Mais le musée, dit-il, servira à comprendre le processus de création dans ce qu'il a de plus hasardeux et de plus concret. A l'adresse des visiteurs, Benoît Decron annonce : "C'est de l'art abstrait, on ne va pas vous l'expliquer mais on va vous accompagner pour dire comment ça se fait".
 
Rodez, Soulages y est né le soir de Noël 1919. Son père, mort quand il avait cinq ans, était carrossier pour voitures à cheval et sa mère, qui "savait à peine écrire et lire", tenait une boutique de chasse-pêche-cordages. Son parcours artistique est marqué par la rencontre des artisans dans son enfance. Reçu à l'Ecole des Beaux-Arts de Paris, il n'y reste pas et rentre à Rodez.

Reportage : Rouzane Avanissian, Luc Tazlamti, Corinne Norek (avril 2014)

 
La révélation à Conques
De l'Aveyron, il dit garder en particulier une fascination pour l'abbatiale Sainte-Foy de Conques, à 42 km de sa ville natale, où il a eu, adolescent, la révélation de sa vocation de peintre. Une très haute salle du musée abrite les cartons préparatoires des vitraux qu'il imagina pour Conques : l'aventure dura sept ans (1987-1994) pour mettre au point un verre particulier et créer 104 vitraux en harmonie avec l'église romane du 11e siècle. 
 
Aussitôt après la Seconde guerre mondiale, à 27 ans, il est déjà reconnu à l'étranger comme un artiste, non figuratif, radical. A partir de 1979, il se met à travailler à ses "Outrenoir", où il étudie la réflexion de la lumière sur le noir. "L'outil n'est pas le noir, c'est la lumière. Le noir, c'est une couleur violente ; elle s'est imposée, elle a dominé, c'est la couleur d'origine", dit-il.
Pierre Soulages, Peinture 30.03.84, 1984, collection les Abattoirs, Toulouse
 (Adagp Paris 2014, photo Auriol-Gineste.)
 
Les "Outrenoirs" exposés pour l'ouverture du musée
L'"Outrenoir" fait d'ailleurs l'objet à Rodez d'une exposition temporaire pour l'ouverture du musée, qui rassemble 24 toiles.
 
Le musée Soulages est situé au cœur de la ville, tout près de la cathédrale, dans le jardin public du Foirail réhabilité. Le bâtiment, conçu par les catalans RCR Arquitectes et
Passelac & Roques Architectes, s'y fait presque discret : "Une architecture exemplaire" aux yeux du peintre, heureux que "l'acier Corten des murs s'accorde parfaitement avec la teinte des pierres de la cathédrale".
 
Le musée se veut "un pôle d'actualité des arts en mouvement", et souhaite allier le "plaisir du regard" et celui de la connaissance. Sur 6000 m2, il consacre 1700 m2 aux collections et 505 m2 aux expositions temporaires. Le public y découvrira notamment les peintures sur papier - aujourd'hui très prisées - que Soulages  réalisa entre 1946 et 1948 avec un matériau d'artisan, le brou de noix.
L'entrée du Musée Soulages de Rodez (Aveyron)
 (photothèque Grand Rodez)
L'établissement  a bénéficié de deux donations du couple Soulages, en 2005 et 2012. Au total 500 pièces dont 250 œuvres de l'artiste, dont les cartons préparatoires de Conques, 35 peintures sur toile, 100 peintures sur papier, 130 estampes et eaux-fortes, des bronzes, des inclusions sous verre.

Musée Soulages, Jardin du Foirail, avenue Victor Hugo, Rodez, 05-65-73-82-60

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