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Madrid : des barques de migrants dans les tableaux du peintre Miquel Barceló

Un bateau chargé de migrants dans la tempête, une embarcation restée vide en mer... Depuis samedi 19 janvier, le peintre espagnol Miquel Barceló expose à Madrid des tableaux évoquant les naufrages en Méditerranée, avec la sensation que les réfugiés noyés durant les traversées pourraient être des personnes qu'il a connues au Mali où il a longtemps vécu.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Un tableau de Miquel Barceló sous l'œil d'un caméraman, durant l'expo "Vie de poulpe" (Vida de pulpo), le 18 janvier 2019 à Madrid
 (Luca Piergiovanni / Efe / Sipa)
"Il est évident que c'est quelque chose qui me concerne beaucoup : un grand nombre des personnes qui meurent noyées en Méditerranée - et je suis de la Méditerranée - sont originaires du Mali, un pays où j'ai vécu de nombreuses années", a confié Miquel Barceló, aujourd'hui âgé de 62 ans, lors d'une rencontre avec l'AFP et quelques autres médias. "J'ai toujours la sensation que ce sont des gens que je connais personnellement."

L'exposition de plus d'une vingtaine d'œuvres récentes destinées à la vente, dans la galerie Elvira Gonzalez, s'intitule "Vida de pulpo" (Vie de poulpe). Mais elle ne recèle que quelques représentations du céphalopode qui a toujours fasciné Barceló comme "ce qu'il y a de plus proche d'un alien".
Miquel Barceló devant l'un de ses tableaux à la galerie Elvira Gonzalez, à Madrid, le 18 janvier 2019
 (Gabriel Bouys / AFP)
Deux des trois salles recèlent des œuvres évoquant sombrement la mer. Les éléments s'y déchaînent contre des personnes aux silhouettes brouillées. Barcelo a peint ces tableaux "il y a peu", sur son île natale de Majorque, aux Baléares, où arrivent des embarcations de fortune. L'an dernier, au moins 2.262 migrants sont "morts ou portés disparus" en tentant de traverser la Méditerranée, selon l'Onu.

"Préoccupé par l'indifférence aveugle" de l'époque

Barceló partage sa vie entre Paris et l'île de Majorque, voyage beaucoup, mais ne peut plus rejoindre depuis 2012 son atelier au Mali où des attaques jihadistes se poursuivent.

Évoquant les "nuages" sombres de ces tableaux, Barceló s'est dit "préoccupé par l'indifférence aveugle" de l'époque et "une espèce d'intolérance et d'usage abusif de la loi, constamment". "On voit des symptômes d'antisémitisme, de racisme, niché là comme une sale bestiole", a-t-il dit.

Une troisième salle recèle des tableaux colorés rappelant ses œuvres passées: esquisses de femmes nues dansantes et bondissantes, poulpe de deux mètres débordant du cadre... Poulpes, seiches, pieuvres, poissons sont des constantes dans l'œuvre du Majorquin qui a récemment exposé à Madrid des dessins les représentant très fidèlement, que sa mère Francisca Artigues, 92 ans, avait minutieusement brodés.
Miquel Barceló
 (Gabriel Bouys / AFP)

En 2019, les œuvres de Barceló exposées au Japon, en Italie, à Paris...

Cette année, les œuvres de cette figure de l'art contemporain feront l'objet de différentes expositions au Japon, en Italie, en Belgique ainsi qu'au musée Picasso de Malaga, dans le sud de l'Espagne.

À Paris, "quelques œuvres très grandes seront exposées à Beaubourg", a-t-il dit, quand le Centre Pompidou se penchera sur le lien qui unit la préhistoire à l'art moderne et contemporain.

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