Les couleurs et la lumière de Cima da Conegliano à découvrir à Paris
Selon La Stampa, il s’agit de la première grande exposition consacrée au peintre à l’étranger.
Rien ne prédestinait Giovanni Battista Cima (1459-60/1517-1518) à devenir un peintre célèbre. Ce fils d’entrepreneur du textile est né à Conegliano, une petite ville au pied des Dolomites. On sait peu de choses sur le début de sa carrière et sa formation. La première peinture qui lui est attribuée date de 1489 : la date est inscrite sur un retable de sa main. C’est à cette époque qu’il s’installe à Venise et ouvre son atelier. Il est déjà un peintre accompli.
Basé dans la Cité des Doges, Cima da Conegliano voyagera à Parme et Bologne et reste très attaché à sa ville natale, où il passe tous les étés.
Un maître de la couleur
L’artiste effectue des commandes religieuses, dont de nombreuses peintures d’autel, et aussi quelques œuvres profanes. Il a peint une quarantaine de Vierges à l’Enfant caractérisées par des gestes délicats, une complicité appuyée entre les deux figures. Ses personnages sont parfois sculpturaux, comme Saint Sébastien et Saint Roch, qu’il propose en contre-plongée, adoptant le point de vue du fidèle.
La Renaissance vénitienne se distingue par les couleurs, la lumière et l’atmosphère. Et Cima est maître dans le rendu des couleurs. Il utilise des teintes éclatantes, bleus lapis, rouges carmin, oranges vifs, dont il explore toutes les nuances grâce à une technique subtile. Les artistes italiens qui peignaient à tempera (peinture à l’œuf) adoptent à cette époque la peinture à l’huile des artistes du Nord et Cima la maîtrise parfaitement.
Il passe parfois plus de dix couches de glacis pour rendre les plis d’une robe. Il souligne les traits de ses figures d’ombres délicates.
Des paysages très présents
Et les paysages qui accueillent les scènes religieuses ont une importance inédite pour la peinture italienne de l’époque. Cima est un virtuose de la perspective atmosphérique: un dégradé de tons, qui s’estompent avec la distance, donne une illusion de profondeur. Un chemin ondule en direction d’une ville sur une hauteur, souvent Conegliano.
Car il est à noter que les paysages de Cima sont des paysages réels. La précision topographique participe de son humanisme : le peintre souhaite que le fidèle puisse reconnaître un lieu qui existe vraiment pour mieux apprécier les êtres sacrés qui y sont représentés et s’en sentir plus proches.
En ce qui concerne la lumière, il faut voir la pureté des ciels de Cima. On imagine facilement un matin de printemps en regardant la légèreté du rose, du gris et du bleu dans la « Lamentation sur le Christ mort » de 1495-1497.
Toute sa vie, Cima a été en recherche. Ses paysages prennent une importance grandissante. Et son art s’enrichit d’un dialogue avec les peintres du Nord. En attestent deux œuvres de la fin de l’exposition. Une « Vierge allaitant » qui est peut-être sa dernière œuvre, où la pose de l’Enfant s’inspire d’une gravure de Dürer. Et un magnifique « Christ couronné d’épines » sur fond noir qui respire la douleur.
Cima da Conegliano, Maître de la Renaissance vénitienne, Musée du Luxembourg, 19 rue de Vaugirard, 75006 Paris
tous les jours de 10h à 19h30, nocturne le vendredi jusqu’à 22h
tarifs : 11€ / 7,5€
Jusqu’au 15 juillet 2012
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.