Les collections de Solomon et Peggy Guggenheim à Florence
L'exposition raconte les rapports artistiques entre l'oncle Solomon et sa nièce Peggy, dont la vision et l'amour de l'avant-garde changèrent la face de l'histoire de l'art au XXe siècle.
Peggy Guggenheim (1898-1979) "ne faisait pas qu'acheter des oeuvres, elle pariait sur de jeunes artistes, elle les soutenait, grâce à un instinct artistique et une curiosité incroyables", explique le commissaire de l'exposition, Luca Massimo Barbero. Ne cédant à "aucune compromission", douée d'un goût sûr, passionnée par le surréalisme, Peggy protégea artistes européens et américains, dont elle acquit les oeuvres ou les fit connaître.
Kandinsky, Duchamp, Max Ernst (qui fut son mari de 1941 à 1946), Jean Dubuffet, Lucio Fontana, Jackson Pollock, Mark Rothko, Alexander Calder, Willem de Kooning, Roy Lichtenstein, Cy Twombly... Une centaine d'oeuvres sont présentées, la majorité provenant des musées Guggenheim de New York et Venise, dont 26 font partie d'une exposition que la collectionneuse américaine avait organisée en 1949 dans ce même palais Strozzi pour faire connaître ses artistes préférés à l'Italie et à l'Europe.
"Peggy voulait comprendre l'effervescence artistique qui existait alors en Europe, elle s'y est donc tout simplement installée", explique M. Barbero. Elle vit alors à Paris parmi ces poètes, écrivains, peintres et sculpteurs, dont elle est la mécène autant que l'égérie. Parmi ses coups de coeur figurent deux sculpteurs majeurs de l'entre deux-guerres : Giacometti avec sa "Dame qui marche" et Brancusi et son "Oiseau dans l'espace", ainsi qu'un poignant Picasso "Songe et mensonge de Franco", datant de 1937.
Bouillonnement créatif
Mais "la guerre arrête tout", poursuit M. Barbero. De collectionneuse mondaine, Peggy Guggenheim se transforme en mère protectrice de ses amis artistes menacés par le nazisme. "Elle payait des billets de bateau, de train", précise le commissaire de l'exposition. Elle-même ne s'enfuit qu'en 1941. Une étonnante "boîte-en-valise", à l'intérieur de laquelle Marcel Duchamp a reproduit en miniature quelques-unes de ses plus fameuses créations, rappelle cet épisode. Ceux à qui elle permit de se réfugier aux Etats-Unis influencèrent profondément l'art américain.Jackson Pollock, dont pas moins de 18 tableaux sont exposés, fut de ceux qui profitèrent de ce bouillonnement créatif. En 1943, lui qui s'était imprégné de Miro et Picasso fut le seul à qui Peggy signa un "contrat" assorti d'une rente mensuelle, lui permettant de se dédier entièrement à son oeuvre typique de l'expressionnisme abstrait. Grâce à sa technique du "dripping", il révolutionna l'art de l'après-guerre.
Une salle de l'exposition présente aussi un côté plus intime et rarement montré de la collectionneuse : les tableaux qu'elle conservait dans sa résidence vénitienne du Palazzo Venier dei Leoni, dont une fascinante "Etude pour un chimpanzé" (1957) de Francis Bacon, accrochée dans sa chambre à coucher.
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