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Les collections de Solomon et Peggy Guggenheim à Florence

Kandinsky, Pollock, Rothko, Calder : à travers les artistes protégés par Peggy Guggenheim et son oncle Solomon, c'est l'art contemporain des années 1920 aux années 1960, son va-et-vient entre Etats-Unis et Europe, qui est présenté. L'exposition "De Kandinsky à Pollock : le grand art des Guggenheim" est hébergée du 19 mars au 24 juillet dans le palais Strozzi à Florence.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Détail du "Portrait de Madame P. dans le sud" de Paul Klee
 (Gianni Dagli Orti / The Art Archive / The Picture Desk)

L'exposition raconte les rapports artistiques entre l'oncle Solomon et sa nièce Peggy, dont la vision et l'amour de l'avant-garde changèrent la face de l'histoire de l'art au XXe siècle.

Peggy Guggenheim (1898-1979) "ne faisait pas qu'acheter des oeuvres, elle pariait sur de jeunes artistes, elle les soutenait, grâce à un instinct artistique et une curiosité incroyables", explique le commissaire de l'exposition, Luca Massimo Barbero. Ne cédant à "aucune compromission", douée d'un goût sûr, passionnée par le surréalisme, Peggy protégea artistes européens et américains, dont elle acquit les oeuvres ou les fit connaître.

Kandinsky, Duchamp, Max Ernst (qui fut son mari de 1941 à 1946), Jean  Dubuffet, Lucio Fontana, Jackson Pollock, Mark Rothko, Alexander Calder, Willem de Kooning, Roy Lichtenstein, Cy Twombly... Une centaine d'oeuvres sont présentées, la majorité provenant des musées Guggenheim de New York et Venise, dont 26 font partie d'une exposition que la collectionneuse américaine avait organisée en 1949 dans ce même palais Strozzi pour faire connaître ses artistes préférés à l'Italie et à l'Europe.

A travers ces oeuvres, toute l'histoire des passages de relais artistiques et créatifs entre l'Europe, où elle a débarqué en 1921, et les Etats-Unis, où  elle a été contrainte de retourner en 1941 avant de s'installer définitivement à Venise en 1949, s'écrit ici. L'une des premières oeuvres que s'offre Peggy est un tableau du maître italien de la peinture métaphysique Giorgio de Chirico "Il pomeriggio soave", peint en 1916.

"Peggy voulait comprendre l'effervescence artistique qui existait alors en Europe, elle s'y est donc tout simplement installée", explique M. Barbero. Elle vit alors à Paris parmi ces poètes, écrivains, peintres et sculpteurs, dont elle est la mécène autant que l'égérie. Parmi ses coups de coeur figurent deux sculpteurs majeurs de l'entre deux-guerres : Giacometti avec sa "Dame qui marche" et Brancusi et  son "Oiseau dans l'espace", ainsi qu'un poignant Picasso "Songe et mensonge de Franco", datant de 1937.

Bouillonnement créatif

Mais "la guerre arrête tout", poursuit M. Barbero. De collectionneuse mondaine, Peggy Guggenheim se transforme en mère protectrice de ses amis artistes menacés par le nazisme. "Elle payait des billets de bateau, de train", précise le commissaire de l'exposition. Elle-même ne s'enfuit qu'en 1941. Une étonnante "boîte-en-valise", à l'intérieur de laquelle Marcel Duchamp a reproduit en miniature quelques-unes de ses plus fameuses créations, rappelle cet épisode. Ceux à qui elle permit de se réfugier aux Etats-Unis influencèrent profondément l'art américain.

Jackson Pollock, dont pas moins de 18 tableaux sont exposés, fut de ceux qui profitèrent de ce bouillonnement créatif. En 1943, lui qui s'était imprégné de Miro et Picasso fut le seul à qui Peggy signa un "contrat" assorti d'une rente mensuelle, lui permettant de se dédier entièrement à son oeuvre typique de l'expressionnisme abstrait. Grâce à sa technique du "dripping", il révolutionna l'art de  l'après-guerre.

Une salle de l'exposition présente aussi un côté plus intime et rarement montré de la collectionneuse : les tableaux qu'elle conservait dans sa résidence vénitienne du Palazzo Venier dei Leoni, dont une fascinante "Etude pour un chimpanzé" (1957) de Francis Bacon, accrochée dans sa chambre à coucher.

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