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Le centre Gugging en Autriche rend hommage à l'art brut du plasticien français Jean Dubuffet

Dans le centre artistique de Gugging en Autriche, des artistes souffrant de troubles mentaux travaillent depuis un demi-siècle, certains sont même devenus de "stars" de l'art brut. Une exposition du centre rend hommage à Jean Dubuffet, l'inventeur de ce concept qui révolutionna le monde de l'art.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Erich Tressler travaille sur ses dessins au centre d'art brut Gugging, en Autriche.
 (JOE KLAMAR / AFP)
L'institution, qui présente jusqu'au 2 juillet l'exposition originelle de Dubuffet, sur prêt de la Collection de l'art brut de Lausanne (Suisse), a depuis des décennies pris l'artiste au mot, devenant une véritable pépinière du genre. Installé à la périphérie de la capitale autrichienne, dans un cadre verdoyant, le centre de Gugging offre un cadre de vie et de travail à une demi-douzaine d'artistes, dont les oeuvres se vendent dans le monde entier. Il comprend également un musée et une galerie.
Le centre d'art brut se trouve à Gugging en Autriche
 (JOE KLAMAR / AFP)
En 1949, le plasticien français fait scandale en exposant à Paris une collection d'oeuvres auxquelles personne jusque-là n'avait osé donner ce statut. De l'art spontané, vierge de toute référence et de tout académisme, "brut" en un mot. Parmi elles, des peintures s'imposent immédiatement comme des chefs-d'oeuvres: elles sont de la main d'Adolf Wölfli et d'Aloïse Corbaz, deux pensionnaires d'établissements psychiatriques suisses. "Jusque-là, les productions de ce type étaient au mieux considérées comme des curiosités, certainement pas comme des oeuvres d'art", rappelle Johann Feilacher, directeur du Centre d'art brut de Gugging, près de Vienne.

"Des artistes, pas des patients"

Depuis ses débuts, il y a une cinquantaine d'années, "quelque 25 artistes reconnus sont issus de Gugging", relève M. Feilacher. Parmi eux, des stars comme August Walla (1936-2001), Oswald Tschirtner (1920-2007) et Johann Hauser (1926-1996), dont les oeuvres ont été collectionnées tant par Dubuffet que par David Bowie, et dont certaines se monnaient aujourd'hui plus de 100.000 euros.
 
Le secret ? "Un bon suivi sur le plan psychique et de bonnes conditions de travail", confie M. Feilacher, qui est également artiste et psychiatre. Le centre de Gugging fut longtemps rattaché à un établissement psychiatrique, dont le directeur Leo Navratil détecta quasi fortuitement, dans les années 1950, les talents artistiques de certains pensionnaires, ce qui le conduisit à nouer une correspondance avec Dubuffet.
 
La clinique a fermé il y a plusieurs années, mais "La maison des artistes" est restée et le centre de Gugging se veut aujourd'hui dégagé de toute dimension hospitalière. "Pour nous, les pensionnaires sont avant tout des artistes avec des besoins particuliers, pas des patients", souligne M. Feilacher. 

L'art a des vertus thérapeutiques

A Gugging, les pensionnaires --15 au total, âgés de 23 à 81 ans-- n'ont cependant pas tous le statut d'artistes, souligne M. Feilacher. "Ce qu'ils produisent doit être très particulier pour être reconnu comme de l'art. Certains se révèlent tardivement, d'autres jamais", confie-t-il. Une constante toutefois: "Tous ont un style propre, libre de toute influence. Si l'atelier de Gugging n'a plus de vocation médicale, il a tout de même des vertus thérapeutiques, relève M. Feilacher: "Pour nos artistes comme pour tout un chacun, le succès et le fait d'être intégré à un groupe et à la société fait du bien."
Miss Katharina travaille sur ses oeuvres au centre d'art brut de Gugging en Autriche. 
 (JOE KLAMAR / AFP)
Comme d'usage dans la profession, les artistes touchent 50% du produit de la vente de leurs oeuvres, l'autre moitié allant à la galerie, dont ils sont par ailleurs sociétaires.
 
Des oeuvres d'artistes de Gugging sont également présentées jusqu'au 11 juin à l'exposition "Psycho drawing" au musée Lentos de Linz (Autriche)
 

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